Quand nos déchets font pousser les tomatesLes 8 hectares de plantation répartis sous deux écoserres produisent chaque année 500 tonnes de déchets organiques qui sont également valorisés. PHOTO : ACR

À Lapouyade, dans le Nord-Gironde, l’écoserre des Paysans de Rougeline est chauffée grâce à nos déchets ménagers ! Avec à la clé, une augmentation du rendement de la production de tomates. Il y en a certainement dans vos assiettes…

À la sortie de Lapouyade, paisible commune rurale du Nord-Gironde, il faut rouler encore quelques kilomètres à travers prairies et parcelles forestières avant de longer une clôture verte. Impossible d’apercevoir les casiers à déchets qui parsèment le site de stockage de déchets non dangereux, appartenant à Véolia, situé juste derrière une longue butte de terre.

Une seconde vie pour nos déchets

C’est pourtant dans ces trous de 15 mètres de profondeur que les déchets d’une grande partie des Girondins (ménagers mais aussi industriels et commerciaux assimilables aux déchets ménagers) sont versés, compactés, puis recouverts.

Une seconde vie les attend. Car la fermentation de ces déchets ultimes produit un biogaz qui alimente 8 moteurs produisant 55 000 MWh d’électricité par an, soit l’équivalent de la consommation de 45 000 habitants. Plus fort encore, un système de cogénération récupère la chaleur produite lors du refroidissement de ces moteurs.

1,6 kilomètre de tuyaux plus loin, nous voilà dans l’écoserre des Paysans de Rougeline, entièrement chauffée grâce à cette énergie verte. Une alternative maline au chauffage à l’électricité ou au gaz dans le contexte de la lutte contre le réchauffement climatique.

L’énergie verte fait rougir les tomates

« L’eau nous arrive à 70°C l’été, 65°C l’hiver. Cela fonctionne un peu comme un chauffage central », commente Christian Menegaldo, co-président de l’écoserre de Lapouyade. Les tomates adorent et les quatre agriculteurs-investisseurs des Paysans de Rougeline se frottent les mains. « Nous avons réussi à baisser le coût du poste énergie, premier poste de dépense, et à augmenter de 30 % le rendement, sans perdre en qualité ».

Ici, chaque hectare produit 600 tonnes de tomates par an. « Voilà, ça c’est une tomate parfaite : ronde, pas trop grosse, bien rouge… » se réjouit ce « maraîcher de père en fils » à la tête de huit hectares de plantations sous serre. « Bien sûr, c’est de la tomate hors sol comme 95 % de la production française actuelle, mais on essaie de faire au mieux. »

Quand nos déchets font pousser les tomates

Christian Menegaldo est l’un des quatre agriculteurs-investisseurs impliqués dans le projet.
PHOTO ACR

Cultures hors sol et pratiques respectueuses

« Depuis près de 5 mois, nous n’avons utilisé aucun pesticide. C’est ma plus grande satisfaction » se félicite Olivier Hurel, chef d’exploitation. « Notre objectif est d’arriver à zéro traitement pesticide ».

La lutte contre les ravageurs telles que la mouche blanche et la mineuse de la tomate passe par l’utilisation d’« agents biologiques » comme la punaise verte (Macrolophus pygmaeus) ou de pièges à phéromones.

Quand aux clips plastiques (bientôt remplacés par des clips biodégradables), utilisés pour fixer la liane à son support, ils font partis des déchets ménagers de la serre qui repartiront chez Véolia pour être enfouis et générer à leur tour du biogaz destiné à alimenter des moteurs, qui produiront de la chaleur, récupérée pour chauffer les tomates. Bouclant ainsi la boucle.

Alexandrine Civard-Racinais

Bon à savoir : 2/3 de la production est commercialisée dans un rayon de 150 km. Pour savoir si les tomates en grappe vendues dans votre supermarché sous la marque Les Paysans de Rougeline proviennent de l’écoserre du Nord Gironde, il suffit de regarder le carton. Le code 315 correspond au site de Lapouyade.

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