sondage

Le problème essentiel tient à la nature même du sondage, qui s’appuie sur deux sciences : celle de la statistique, fiable à 100 % puisque ce sont des mathématiques, et celle de la sociologie, qui est plutôt aléatoire dans ses résultats.

Il faut savoir que le sondage politique ne représente que 1 % du chiffre d’affaires des sociétés de sondages : le reste, ce sont les entreprises qui les commandent pour le marketing.

Les sondages reposent sur un postulat de base : si l’on prend un échantillon suffisamment grand de la population, celui-ci reflète cette population. On estime qu’en interrogeant 100 personnes, on a une marge d’erreur de 10 %, avec 1 000 personnes, c’est 3 %, et avec 10 000 personnes, c’est 1 %. Après, c’est une question de coûts : la plupart des sondages se basent sur environ 1 000 personnes, un bon compromis entre cette « marge d’erreur acceptable » et le prix du sondage. Les entreprises de sondages choisissent alors entre deux méthodes : soit l’aléatoire, en interrogeant des gens au hasard, soit celle des quotas, en se basant sur les statistiques de l’Insee qui, à l’époque où le recensement de la population était total, étaient entièrement fiables. Mais on ne peut pas, avec 1 000 personnes, avoir toutes les catégories représentées, d’autant que cela dépend du nombre de critères choisis (sexe, âge, métier, région). On obtient alors un résultat « brut » qui n’est jamais divulgué.

À partir de là, les instituts de sondages procèdent à des redressements statistiques qu’ils gardent secrets mais qu’ils communiquent à la Commission des sondages, dépendante du ministère de la Justice. En gros, chaque société de sondages a sa propre recette. Mais toutes tempèrent les quotas : si une  catégorie de la population n’est pas suffisamment représentée, l’institut « redresse » les réponses (mais jamais exactement : si on a 5 % d’une catégorie qui représente 10 % des Français, on ne multiplie pas par deux). On tient également compte des résultats de précédents scrutins, corrélés avec les réponses du panel, pour débusquer les réponses « inavouées ». Parce que les réponses des sondés dépendent d’une multitude de facteurs (contexte du moment, personnalité du sondeur, formulation de la question) qui ne les rendent pas toujours sincères. Les sondés sont parfois moins fiables que les sondages eux-mêmes.

Mais une chose est sûre (et inutile de faire un sondage) : 95 % des Français se méfient des sondages mais 99 % les lisent.

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.

Image par LUM3N de Pixabay

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