maquillage

Mettons tout de suite les pieds dans le pot de crème : un certain nombre de cosmétiques contiennent bel et bien des microplastiques. Vous l’ignoriez ? Leur présence résulte pourtant d’un ajout volontaire. Explications

Il y en a partout ! Dans les exfoliants pour le visage ou le corps, les dentifrices ou encore les shampoings, les crèmes à raser, mais aussi dans les produits de maquillage, le vernis à ongles, les crèmes solaires ou les déodorants. Les microbilles ajoutées sont en effet utilisées comme agents exfoliants ou nettoyants. Elles peuvent également servir à contrôler la viscosité, l’apparence et la stabilité d’un produit.

1 250-1 910 tonnes de microbilles sont volontairement ajoutés chaque année aux produits de soins. Source : Evaluation ECHA, octobre 2017

Contenus dans des produits souvent utilisés sous la douche, ces microplastiques sont directement rejetés dans l’environnement… à l’insu de notre plein gré. « La plupart des consommateurs n’ont pas conscience de polluer car cette pollution largement méconnue est le plus souvent invisible », expose Cristina Barreau, spécialiste des déchets aquatiques pour Surfrider Fondation Europe*. Elle est pourtant bien réelle.

Visage et cheveux bien rincés = sols et océans pollués

Un rapport de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) sur les ajouts volontaires de microplastiques dans les produits a ainsi révélé que ceux-ci étaient susceptibles de s’accumuler dans le sol, au travers des particules concentrées dans les boues d’épuration, souvent utilisées comme engrais. Une proportion moindre de microplastiques est aussi directement rejetée dans les rivières, les lacs et les mers et se retrouvent à tous les niveaux de la chaine alimentaire. « Les organismes filtreurs comme les huîtres et les moules sont particulièrement concernés », signale Cristina Barreau.

A l’heure actuelle, l’impact de cette pollution sur la santé humaine reste encore méconnu, mais le doute grandit et « il paraît peu probable que l’ingestion involontaire de microplastiques soit totalement inoffensive ».

La campagne Beat the Micro Beat a été lancée en 2017 par une coalition de 50 associations, dont Surfrider Fondation Europe.

Vers une interdiction à l’échelle européenne

Depuis le 1er janvier 2018, les produits cosmétiques rincés à usage d’exfoliation ou de nettoyage comportant des particules plastiques solides sont d’ailleurs interdits en France, « Mais cela n’empêche pas les industriels de continuer à utiliser des microbilles dans les produits autres que rincés et il est par ailleurs difficile de contrôler tous les produits contenant des microplastiques mis sur le marché », tempère Cristina Barreau.

En début d’année, l’ECHA a publié une proposition en faveur de la restriction de l’utilisation des microplastiques dans les produits cosmétiques, mais aussi les produits de soins personnels, les détergents et les produits de nettoyage. Leur interdiction à l’échelle européenne, à l’horizon 2022, est à l’étude. « Mais le bras de fer avec les industriels ne fait que commencer » estime l’experte. La Surfrider Fondation Europe et 31 autres ONG ont pour leur part réitéré leur souhait que tous les microplastiques ajoutés intentionnellement soient interdits.  En attendant, la vigilance ­— et un bon tri dans sa salle de bains — s’impose…

Alexandrine Civard-Racinais

 

Pour bannir les microplastiques de sa salle de bain

  • Suite à la campagne Beat the Micro Bead,* l’ONG Plastic Soup a mis en ligne un outil permettant de savoir quels sont les produits à bannir de toute urgence de sa salle de bains en raison de la présence de composants classés sur liste rouge, comme le polyethylene (PE), le polyurethane (PU), le polypropylene (PP), les styrènes et les acrylates copolymer. Une application Beat the Micro Bead, facile d’utilisation est également disponible (en anglais, espagnol et portugais).
  • Par ailleurs, la plateforme française EthicAdvisor, référence les produits « Zéro plastiques » et propose elle aussi une application à télécharger.

* Mettez fin aux micro billes

Image de couverture par freestocks-photos de Pixabay

 

Article publié sous le contrôle et la responsabilité
éditoriale du directeur de la publication de Curieux !
Avec le soutien de L’ARS Nouvelle-Aquitaine et de la région Nouvelle-Aquitaine.

Licence CC BY-NC-ND Cet article est sous licence CC BY-NC-ND : Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification
Fermer la popup
?>