Depuis ce 17 juin 2019, les déficients visuels peuvent à leur tour s’amuser avec l’appli « L’école de magie d’Elentil ». Dans cette aventure audio-tactile, ils font appel à d’autres sens pour devenir le héros de leur histoire. Une première en France qui met en lumière le travail de dizaines de petites mains.

Jusqu’à présent l’univers des applications numériques resté inaccessible pour les déficients visuels. Afin d’y remédier, l’association Mes Mains en Or basée à Limoges a développé un livre spécialement conçu pour les non-voyants et malvoyants. Il suffit de télécharger l’appli « L’école de magie d’Elentil » sur Google Play ou l’App Store (3,49 €) sur tablette ou smartphone. En un clic, les enfants sont immergés dans un univers sonore et tactile, ils écoutent avec attention l’histoire pour avancer, remporter des badges et décrocher leur diplôme de sorcier.

Ce livre jeu s’adresse à tous les enfants de 6 à 12 ans. « Il a nécessité deux ans et demi de recherche et d’étude avec des professionnels de la déficience visuelle », raconte Caroline Chabaud, directrice de l’association. « Les enfants ont eu l’idée de cette école de magie dont ils seraient les héros. Il n’existait rien pour eux sur tablette et smartphone. » Le livre a été testé durant un an et demi y compris par des enfants voyants les yeux bandés.

Tapoter, secouer ou souffler c’est jouer

Pour s’immerger dans l’histoire, l’enfant doit bien écouter le narrateur et pour une fois, ce n’est pas une voix de synthèse qui les guide mais un vrai comédien en chair et en os : Philippe Labonne. Pour progresser, il interagit avec la tablette, il la tapote, la secoue et même souffle dessus. « Douze interactions sont possibles, l’enfant est donc obligé d’être acteur de l’histoire pour faire le chemin qui dure vingt minutes, un temps calculé pour capter son attention, ajoute la directrice mais il y a plusieurs histoires en une. Ce livre est conçu pour tous, les déficients visuels pourront ainsi partager l’aventure avec leurs copains ou bien leurs frères et sœurs voyants. »

Ce projet innovant chiffré à plus de 100 000 euros a été financé grâce à des dons et déjà salué par le Prix AMI Innovation sociale décernée par la Région Nouvelle-Aquitaine et le Prix Perspective de la Fondation Klésia. Depuis la création de l’association en 2010 par cette maman dont la fille a perdu la vue, une trentaine de livres ont été édités en braille et gros caractères. Chaque exemplaire est réalisé à la main par l’équipe de quatre salariés épaulée par des bénévoles.

Corinne Mérigaud

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