© Arnaud Delaherche ?

Pape Clément : une tradition vieille de plus de 700 ans ! Et pourtant ces 90 hectares de « Grand Cru Classé » dans l’AOC de Pessac Léognan sont équipés high-tech. Opération marketing ou véritable outil de gestion viticole ? Focus sur leur plan de vol…

De la fenêtre du château, un couple d’hôtes profite de la vue bucolique sur les vignes. Aucun bruit de tracteur. Non loin, des percherons tractent une herse entre les allées pour désherber. Oh surprise, un drôle d’oiseau, technologique celui-ci, quadrille la parcelle nord-est.

Entre tradition et innovation

Selon Arnaud Delaherche, Directeur Recherche & Développement du groupe Bernard Magrez auquel appartient ce Grand cru classé, ce grand-écart technologique ne doit pas surprendre. « Que ce soit des savoir-faire ancestraux ou des innovations technologiques, nous gardons tout ce qui concoure à maintenir la qualité de nos vins et à préserver notre terroir. Nous avons été pionniers dans l’utilisation des drones en viticulture. Aujourd’hui, cette technologie libère les viticulteurs des tâches pour lesquelles ils n’ont  aucune valeur ajoutée ».

Une gestion viticole qui prend de la hauteur

Un quadricopter blanc survole la parcelle à 4 mètres du sol. Sa mission du jour ? Dénombrer les pieds manquants. Il lui faudra 1 heure pour couvrir 1,5 hectare là où un vigneron mettra deux jours. Il n’y a pas photo ! Grace à des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) qui analysent les quelques millions d’images à très haute définition (2mm/pixel), les 2 à 3% de pieds à replanter chaque année sont identifiés et géolocalisés.

Mais les compétences du drone ne s’arrêtent pas là… Son œil électronique et multi-fréquence permet de cartographier, évaluer la vigueur de la vigne, ses besoins en eau, repérer les attaques de parasites… Le drone est devenu le technicien indispensable du vignoble.

Une technologie qui se démocratise

Charles Nespoulous de la société Chouette, spécialisée dans les drones viticoles, témoigne : « Il y a 6 ans, un drone viticole coûtait 10 fois plus cher. Aujourd’hui, une exploitation peut s’équiper d’un drone à moins de 5 000 euros. La technologie est devenue abordable. Et avec les développements des capteurs et de l’IA, nous n’en sommes qu’au début. Plus les viticulteurs s’équiperont et plus nos plateformes seront performantes dans le diagnostic et l’aide à la décision. »

Un drone pour détecter les maladies de la vigne

© Chouette – Symptôme de la tâche d’huile (causé par Plasmopara viticola)

La vigne présente comme des taches d’huile sur ses feuilles ? Aie ! C’est le mildiou, le champignon parasite qui donne des cauchemars aux viticulteurs. Heureusement, la société Chouette a développé un logiciel qui détecte les premiers symptômes de la maladie. Il est basé sur le même principe que la reconnaissance faciale. Le test grandeur nature a été réalisé à l’été 2017 dans les vignes du Pape Clément. Action, réaction ! Grâce aux cartes fournies par le drone, les traitements peuvent être dispensés plus précocement et uniquement sur les surfaces atteintes.

 

© Chouette – Cartographie d’une parcelle, détection du mildiou

 

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