Boire ou conduire, on sait. Mais mélanger alcool et médicaments, c’est nettement plus flou. On n’est pas tous égaux devant l’alcool et tous les médicaments n’ont pas les mêmes effets mélangés à l’alcool. Bref, plus que jamais, la modération et réflexion sont le meilleur cocktail
On vous l’a tellement dit, c’est tellement marqué sur toutes les boîtes que vous n’y croyez plus qu’à moitié : ne pas mélanger alcool et médicaments. D’autant qu’une fois, vous avez craqué et bu quelques verres… et franchement, vous n’en êtes pas mort. Enfin, pas encore pourrait-on dire pour bien semer la panique mais là n’est pas la question : selon les médicaments, l’effet peut-être bien différent mais il est rarement mesurable immédiatement.
Sauf en cas d’effet « antabuse » ce qui ne signifie pas « là t’abuse » mais qui est le nom d’un médicament parfois utilisé dans le traitement des alcoolismes afin de provoquer une réaction de dégoût. Nausées, essoufflement, tachycardie, transpiration, rougeurs… tout un cocktail sympa d’effets secondaires qui se manifestent avec certains antibiotiques et qui sont le résultat d’une sorte d’empoisonnement par l’éthanal.
Lorsque l’alcool est absorbé, il est dégradé en éthanal. En temps normal, cette molécule est dégradée à son tour par une enzyme et devient de l’acide acétique, facilement éliminé par l’organisme. Sauf que l’antibiotique bloque la production de cette enzyme et l’éthanal reste dans le foie, provoquant cette sensation de biture prolongée.
Au delà même de ce désagrément et si on n’en est pas victime parce qu’on n’est pas tous égaux devant les effets de l’alcool, l’éthanal est classé cancérigène car il est mutagène, endommageant l’ADN pour provoquer des tumeurs. Plus il reste longtemps dans le corps sans être dégradé, plus les risques sont grands.
Mais tous les antibiotiques ne sont pas concernés par cet ennuyeux effet néfaste : l’amoxycilline, le plus consommé en France, n’est pas en cause. Ce n’est pas pour autant qu’il faut ouvrir une bouteille pour fêter ça.
Accumulation toxique
Autre médicament très utilisé avec lequel il peut être dangereux de boire, le paracétamol (Doliprane), qui n’est pas aussi innocent qu’il n’y paraît. Sa partie toxique est éliminée par le foie mais… par le même canal que l’éthanal. Résultat, l’alcool encombre cette voie et l’agent toxique du paracétamol s’accumule dans le foie. Cela peut provoquer des lésions hépatiques et, dans les cas les plus graves, nécessiter une greffe du foie.
Comme toujours avec l’alcool, il suffit d’être raisonnable et de réfléchir un peu pour que tout se passe bien. Mais par contre, le petit Doliprane du lendemain pour faire passer la gueule de bois, oubliez tout de suite, le remède serait pire que le mal.
Autre classe de médicaments avec lesquels il faut faire attention : tout ce qui est anxiolytiques, neuroleptiques, antidépresseurs… avec lesquels il y a des risques de somnolence. Certains peuvent provoquer jusqu’à une confusion mentale qui fera rire vos amis… au début. Et vous laissera une impression franchement pas agréable.
D’autres médicaments peuvent aussi, au cas par cas, être déconseillés avec l’alcool, soit parce que celui-ci en accentue les effets secondaires, qu’il en empêche l’effet recherché ou au contraire qu’il empêche son élimination comme certains anticoagulants qui, en restant dans le corps, peuvent provoquer des saignements.
A voir au cas par cas… Quoi qu’il en soit, si on n’est pas très en forme, mieux vaut éviter de picoler parce que ça déshydrate le corps et le fatigue dans tous les cas.
Jean Luc Eluard