Vous discutez avec des amis, vous vous baladez dehors et là boum ! Vous avez déjà vécu cette scène et vous avez même l’impression d’anticiper chacun de ses micro-évènements. La sensation est alors aussi perturbante qu’enivrante. Cette expérience fugace pourrait vous faire croire aux supers pouvoirs du cerveau. Et longtemps, le phénomène aura passionné les écrivains et les psychiatres.

Mais point de pouvoir subconscient ou de surnaturel lyrique, il s’agit simplement d’une panne ! Notre cerveau nous joue des tours. Car à moins de se considérer comme le Doc dans « Retour vers le futur », nous ne pouvons pas rompre avec la linéarité des évènements.

Un problème de mémoire

Parmi les nombreuses hypothèses émises par les chercheurs qui se sont penchés sur le sujet, celle qui fait le plus consensus est le problème de mémoire. Souvent à cause de fatigue ou de stress, l’hippocampe ne va pas fonctionner normalement ce qui va produire un léger décalage entre l’enregistrement de la scène par le cerveau et sa perception. Toutes les personnes (2 personnes sur 3 tout de même) qui ont ressenti ce sentiment de déjà vu peuvent d’ailleurs témoigner : on peut anticiper ce qui va se produire juste avant que cela ait lieu. Une histoire de millisecondes alors que le « déjà vu » peut durer plus d’une minute.

Mais pour rendre tout son pouvoir au cerveau, une équipe de l’Université écossaise de Saint Andrews a dévoilé cet été une étude expliquant que notre cerveau fonctionnerait trop bien pour se laisser berner. Pour en arriver à ce résultat, ils ont examiné l’activité cérébrale d’une vingtaine de cobayes grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF).

Auparavant, les recherches sur le sujet se confrontaient à la difficulté de reproduire (ou plutôt) d’attendre qu’un sentiment de déjà vu survienne. Les Ecossais ont alors usé d’une technique de création de déjà vécu. Ils ont énoncé des mots ayant trait au sommeil sans jamais prononcer ce mot « sommeil ». Quand les chercheurs ont demandé à leurs cobayes s’ils avaient entendu un mot commençant par « s », la réponse fut « non » sans hésiter. Mais à la question « avez-vous entendu le mot sommeil ? », le doute s’immisce : ce n’est pas possible puisqu’ils n’ont pas entendu de mot commençant par « s » et pourtant, ils sont persuadés de l’avoir entendu. Le cerveau s’active alors pour dire « ce que tu crois avoir entendu n’est pas vrai ». A la fin, c’est toujours le cerveau qui gagne.

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest. http://www.sudouest.fr/lemag/

Alexandre Marsat

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