La fertilité humaine, en particulier masculine, se dégrade depuis plusieurs décennies. Face à cette situation inédite, de nombreux experts incriminent des facteurs environnementaux tels que les perturbateurs endocriniens ou la pollution. Les études et les rapports scientifiques sur le sujet pourraient éclairer les décisions à prendre au moment où Emmanuel Macron promet un « grand plan » contre l’infertilité

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ un humain sur six est touché par l’infertilité définie comme « l’incapacité pour un couple d’obtenir une naissance souhaitée 12 mois après l’arrêt de toute contraception ». Et contrairement à une idée largement répandue, il ne s’agit pas que d’un problème de bonne femme… La concentration de spermatozoïdes dans le sperme des hommes occidentaux a ainsi diminué de plus de 50 % entre 1973 et 2011, soit une chute de 1,6 % par an. Ce déclin quantitatif, révélé par une méta-analyse publiée en 2017, ne cesse de s’aggraver comme en témoigne une nouvelle méta-analyse menée par la même équipe.

La France n’échappe pas à cette tendance. En 2018, une étude menée par Santé Publique France confirmait « une altération globale de la santé reproductive masculine en France, cohérente avec la littérature internationale. »  

L’infertilité concerne 3,3 millions de Français soit 1 couple sur quatre.

Source : INSERM

Les perturbateurs endocriniens pointés du doigt

 « Ce phénomène serait notamment lié à une exposition régulière aux perturbateurs endocriniens* », souligne Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier et premier auteur d’un Rapport sur les causes d’infertilité remis au gouvernement en février 2022. De nombreuses études établissent en effet un lien entre l’exposition à certaines familles de substances chimiques, comme les bisphénols ou les phtalates, et les troubles de la fertilité et de la reproduction humaine.

Avec pour conséquences suspectées, « une réduction de la quantité et de la qualité spermatique » affectant les chances de concevoir naturellement un enfant, et (une) augmentation des cancers du testicule chez les hommes jeunes ». Chez les jeunes filles « une puberté précoce est fréquemment observée en relation avec les expositions aux PE anténataux ou postnataux » augmentant le risque de développer un cancer du sein et d’autres pathologies. Une étude publiée récemment publiée en juillet 2021 dans Environ Health Perspect a ainsi récemment montré que l’exposition aux PCB était associée à une augmentation de 70 % du risque d’endométriose, qui touche actuellement une femme sur dix.

Pollution et polluants nuisent à la santé reproductive

La pollution atmosphérique nuit aussi gravement à la santé reproductive humaine ! De nombreuses études soulignent en effet que « l’exposition au trafic routier ou à d’autres polluants atmosphériques est associée à une réduction de la fertilité spontanée des couples », relève le professeur Hamamah dans son rapport. 

L’exposition ambiante inclut aussi l’exposition aux solvants organiques présents notamment dans les peintures et les vernis à ongles ou aux polluants organiques persistants (POPs**), dont l’acronyme sautillant masque la dangerosité. D’autant que les sources diffuses de POPs « considérées comme significatives », sont nombreuses : incinération de fond de jardin, combustion résidentielle, feux de décharge ou de forêts ou encore incendies de bâtiments.

A cette liste non exhaustive de causes environnementales, s’ajoutent des causes sociétales et médicales. Autant dire qu’il y a urgence à se saisir du sujet. « Il en va non seulement de l’avenir des millions de couples qui affrontent au quotidien des situations d’infertilité, mais aussi à plus long terme de la préservation de l’espèce humaine » s’alarme le professeur Hamamah, qui appelle de ses vœux la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité. Ceux-ci sont sur le point d’être exaucés. Lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé la création d’un « grand plan » contre l’infertilité, dont le contenu reste à préciser..  

Alexandrine Civard-Racinais

L’ANSES recense 906 substances qu’il importe selon elle d’évaluer prioritairement et rigoureusement en raison de leur danger potentiel pour la santé humaine. 

Avec le soutien du ministère de la culture.

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