Crédit : L214

Star 2023 de la Fête de l’Humanité, la « merguez » vegan a fait recette. Elle a aussi alimenté les petites phrases des hommes et des femmes politiques en goguette ! Décryptage.

La « merguez » vegan à la couleur d’une merguez, l’aspect d’une merguez, mais ce n’est pas une merguez. Même sur un malentendu, un viandard invétéré aura du mal à se laisser abuser. 

Originaire du Maghreb, la célèbre petite saucisse rouge épicée est fabriquée à base de viande hachée de bœuf ou de mouton. Du moins quand elle est préparée dans les règles de l’art ce qui n’est pas toujours le cas. De son côté, la « merguez » vegan fait partie du chapelet des substituts végétaux qui tentent de se faire une place sur nos tables.

Ces produits, créés par des startups comme HappyVore (ex Nouveaux Fermiers) ou des industriels comme Herta, utilisent des combinaisons de végétaux pour récréer une apparence, un goût et une texture proche de celle de la viande. Cela passe par exemple par l’utilisation du jus de betterave pour donner une coloration rouge sang. Reste à convaincre les Français, encore nombreux à être accros à la viande.

16 % des Français déclarent avoir acheté des substituts de viande à base de végétaux au moins une fois au cours de l’année 2021.

Institut Kantar

Pourquoi une merguez végétale à la fête de l’Huma ?

Organisée par l’association de défense des animaux L 214, la merguez vegan party avait précisément pour but d’élargir le cercle des adeptes de l’alimentation végétale. En faisant valoir les atouts éthiques, mais aussi environnementaux de l’alimentation végétale. 

« Sauvez le monde. Une merguez à la fois ». Apposé sur les serviettes distribuées par le food truck coloré de l’association L214, le slogan ne manque ni d’humour… ni de pertinence. Car chaque bouchée végétale compte dans un contexte de réchauffement climatique et de diminution des ressources !

Les sandwichs merguez vegan proposés par le foodtruck coloré de l’association L214 ont trouvé leur public lors de l’édition 2023 de la fête de l’Humanité. PHOTO L214 

Sauver le monde en mangeant une merguez ?

De fait, nos émissions de gaz à effet de serre pourraient baisser de 5,2% si l’alimentation des Français comportait 10 grammes de viande en moins* par jour, soit l’équivalent d’environ 1 jour « végétarien » par semaine. Cette estimation, très sérieuse, résulte d’une évaluation des « Empreintes sol, énergie et carbone de l’alimentation » publiée en 2020 par l’Ademe.

Végétaliser davantage notre alimentation permettrait aussi de limiter notre « empreinte sol » et de libérer des terres agricoles. Car plus la part de produits d’origine animale est forte dans nos menus, plus l’empreinte sol est importante. Un régime très carné (170g par jour) mobilise ainsi 5200 m2 de surface agricole par an contre 1200 m2 pour un végétalien soit 4,5 fois plus.**

Réduire la consommation de viande permettrait également de réduire les besoins en eau : d’après les données d’Agribalyse, un kilo de protéines végétales nécessite en moyenne 5 fois moins d’eau qu’un kilo de protéines carnées. « À poids égal, une merguez carnée demande ainsi 9 fois plus d’eau qu’une merguez végétale ! » affirme l’association L 214, qui demande la mise en place de politiques ambitieuses pour réduire de 50 % de la consommation de produits d’origine animale d’ici 2030. La merguez végétale, un petit pas pour le consommateur, un grand pas pour l’humanité ?

Alexandrine Civard-Racinais

* par rapport au régime français standard comportant 107 g de viande par jour (INCA 2)

** en production conventionnelle.

A lire pour prolonger cet article :

Les substituts végétaux sont-ils (vraiment) bons pour la planète ?

Fermer la popup
?>