Si la pullulation des lapins ne gênepas grand monde, la surpopulation des sangliers pose problème.

Les journaux locaux ne manquent pas de raconter les exploits du suidé. Ici, il retourne un terrain de foot ; là, il crée des carambolages, bloquant des TGV aux quatre coins de France. Même les grands centres urbains ne sont pas épargnés par ces escapades. Les Bordelais se souviennent de ce mâle qui, s’aventurant une première fois dans le quartier de la Bastide rive droite, a fini par traverser la Garonne pour se lancer dans une course avec la police jusqu’au tribunal…

Sur nos routes, il est responsable de la moitié des 40 000 accidents avec un animal sauvage. La sanction est tombée en 2009, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, décrétant « un plan national de maîtrise du sanglier ». Un nom très administratif pour donner aux préfets la possibilité d’organiser des battues administratives. Bref, de là à en faire l’ennemi numéro un, il n’y a qu’un pas. Rien de nouveau cependant : depuis des siècles, il est chassé pour les dégâts qu’il commet dans les cultures. Chaque année, cela dépasse 50 millions d’euros.


Capacité d’adaptation

Et pourtant, la bête noire est autant chassée qu’appréciée. Des générations de lecteurs ont été alléchées par le sanglier rôti, presque caramélisé, tournant sous les yeux gourmands d’Obélix. Et il ne s’agit
pas d’une erreur historique d’Uderzo et de Goscinny. Le sanglier est présent dans nos contrées depuis 700 000 ans ! Une antériorité permise par une grande faculté d’adaptation. Le sanglier n’est pas bien difficile : forêt, plaine, garrigue, maquis… tout lui convient pourvu qu’il trouve un peu d’eau pour se désaltérer et se couvrir de boue comme son cousin le cochon. À part les chasseurs, le sanglier ne craint pas grand monde pourtant. Il y a peu, les loups s’attaquaient aux groupes de sangliers et surtout aux marcassins.

Au XXIe siècle, peu de « potentiels prédateurs » tentent de provoquer le grand mammifère.
Et ils ne manquent pas de se reproduire comme des lapins : la portée peut aller jusqu’à une douzaine de petits – la fécondité augmente avec l’âge. Mieux, omnivore, il n’est pas friand que des seuls glands.
Il s’attaque à une cinquantaine de plantes, avec une préférence pour les céréales. D’ailleurs, le développement de la maïsiculture aurait favorisé son expansion.

Avantage méconnu de l’action des sangliers : le mélange génétique ! En remuant le sol à la recherche de nourriture, il permet son aération, dissémine les graines, favorise le remplacement d’espèces d’arbres et débarrasse les sous-bois des chenilles et autres larves.

Par Alexandre Marsat

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