« Intello », « précoce », « surdoué »… Il existe autant de termes pour désigner les enfants à haut potentiel intellectuel. Mais être plus intelligent que ses copains ne fait pas forcément de votre enfant une personne HPI

Tout le monde est HPI de nos jours. Enfin, de nombreux parents pensent que leur enfant est à haut potentiel intellectuel. Pourtant, seulement 2,3 % de la population est concerné. En France, cela représenterait environ 1,5 million de personnes. Tous les enfants en avance à l’école n’en font donc pas partie.

Et avant que vous ne vous le demandiez : non il n’y a pas plus de personnes HPI aujourd’hui qu’il y a 20 ans. Les 2,3% correspondent à la part de la population la plus anormalement élevée. Sylvie Tordjman, professeur en pédopsychiatrie et chef du service du Centre national d’aide aux enfants à haut potentiel (CNAHP), reçoit toujours 1 enfant sur 3 qui n’est pas du tout à haut potentiel.

Un quotient intellectuel supérieur à 130

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un HPI est un individu qui a un quotient intellectuel (QI) supérieur à 130 sur l’échelle d’intelligence de Wechsler. L’intelligence moyenne est déterminée entre 90 et 110 de QI. Au-delà, on parle de haut potentiel. En dessous, il s’agit de déficience intellectuelle.

Toutefois, un enfant HPI en France ne le sera peut-être pas en Chine. « Une fois que vous avez déterminé qu’un enfant était HPI, ce qui va être très important, c’est : qu’est-ce que vous proposez ? Pour les Chinois, c’est impossible. Cela ferait beaucoup trop de millions d’enfants. Du coup, eux, ils ont mis le curseur à 140 », explique Sylvie Tordjman. Et à l’inverse, la pédopsychiatre affirme qu’un enfant dont le QI est considéré dans la norme en France peut être diagnostiqué HPI en Lituanie avec un curseur à 125 parce qu’ils ont besoin de ces ressources-là.

Mais cela ne suffit pas de se baser uniquement sur le QI d’une personne pour déterminer son intelligence. Il faut aussi prendre en compte les interactions sociales, les émotions ou la créativité. Les premiers signes arrivent vers l’âge de 3 ans, avec le développement du langage, de la lecture et les capacités attentionnelles.

Stop aux préjugés ! Le docteur Tordjman l’affirme : les enfants HPI n’ont pas particulièrement un sens de l’humour, le sens de la justice ou encore une hypersensibilité émotionnelle plus développés que leurs camarades de classe. C’est parfois même l’inverse.

HPI et échec scolaire, c’est possible ?

Croyez-le ou non, mais les personnes HPI sont parfois même en échec scolaire. « C’est un paradoxe. Un enfant qui est extrêmement intelligent, qui est à haut potentiel intellectuel et qui est en échec scolaire… Comment est-ce possible ? » s’interroge le docteur Sylvie Tordjman. « Il faut pouvoir maintenir leur motivation, voir quels sont leurs centres d’intérêts, maintenir un challenge, etc. C’est vrai pour tous les enfants, quel que soit leur potentiel intellectuel, mais ça vient nous interpeller par rapport à des enfants qui n’auraient pas dû être en échec scolaire et qui se retrouvent à l’être, voire même à redoubler. »

S’il n’y a pas d’ajustement scolaire adapté à un enfant HPI, ça va être facile jusqu’au moment où la méthodologie d’apprentissage rentre en jeu, généralement vers la seconde. D’où l’importance d’un bon diagnostic, assez tôt et d’un bon suivi scolaire et psychologique.

Nolwenn Le Deuc

Avec le soutien du Ministère de la Culture

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