Une étude scientifique inédite vient de révéler le secret du pouvoir réconfortant de l’ours en peluche. Elle brosse un portrait robot de l’ours le plus réconfortant. Cela ouvre des pistes d’application prometteuses

Il s’appelle Teddy, Balou ou encore Oursinette, et tient souvent la première place dans le cœur des enfants (après leurs parents). A juste titre, tant son pouvoir réconfortant est grand. Au point de les aider à surmonter l’anxiété de séparation ressentie au moment du départ à la crèche ou à l’école.

Une équipe pluridisciplinaire pour percer le mystère

D’où vient ce pouvoir réconfortant de l’ours en peluche ? C’est la question ardue à laquelle a tenté de répondre une équipe pluridisciplinaire composée de biologistes, psychologue, écologue, éco-informaticien ou médiateur scientifique issus de l’Université de Montpellier, de l’Université Paul-Valery ou de l’Université d’Aix Marseille. 

Pour ce faire, ils ont mis en place un protocole expérimental inspiré des sciences naturalistes et de la psychologie cognitive et mené une grande étude participative dans 13 villes de France*. Les résultats de cette étude inédite viennent d’être publiés dans le très sérieux The journal of positive psychology.

930 personnes ont contribué à cette étude participative qui s’est déroulée le 27 septembre 2019 à l’occasion de la Nuit des chercheurs. PHOTO Vincent Arbelet

Le lien émotionnel, principal déterminant

Les chercheurs ont notamment testé l’effet de la propriété et des liens affectifs sur le pouvoir réconfortant de l’ours en peluche. Bingo ! « Le lien émotionnel partagé avec un ours en peluche joue un rôle beaucoup plus important dans le réconfort que toute autre caractéristique », soulignent les auteurs de l’étude. 

« En revanche deux hypothèses de travail se sont complètement écroulées, s’amuse Thierry Brassac, responsable du service de culture scientifique à l’Université de Montpellier et créateur de la peluchologie (voir encadré). On pensait qu’une expression souriante était importante, ou encore qu’une grosse tête et de grands yeux représentaient des facteurs de réconfort, et bien pas du tout ! »

Si l’on gomme l’effet de propriété, « la perception du confort réside dans une combinaison de caractéristiques visuelles, olfactives et surtout kinesthésiques » relèvent les auteurs. Ses résultats permettent de brosser le portrait robot de l’ours en peluche le plus réconfortant  : « il doit être doux, ni trop petit ni trop gros pour pouvoir être facilement manipulé et câliné… » 

D’autres pistes prometteuses

« Ces travaux ouvrent des pistes prometteuses pour étudier le fonctionnement psychologique des individus grâce aux ours en peluche. Mais surtout, ils suggèrent une forme de prédictibilité de leur pouvoir réconfortant qui pourrait permettre d’étendre la liste des usages, par exemple, à l’école, à l’hôpital, au travail, lors de négociations, en situation de crise« , souligne Thierry Brassac. 

A Strasbourg, les étudiants en médecine utilisent déjà les nounours pour désamorcer l’effet blouse blanche auprès des enfants de 3 à 6 ans et dédramatiser les soins. L’objectif étant de réduire l’émotion négative des plus jeunes dans un contexte d’hospitalisation.

Des expériences menées avec des adultes ont également montré que le fait de toucher un ours en peluche était susceptible d’atténuer les effets négatifs de l’exclusion sociale et d’augmenter les comportements prosociaux . Spécialité de la peluchologie, la calinologie a donc de beaux jours devant elle. 

La peluchologie

• Une science douce : Les ours en peluche ne sont pas seulement des objets transitionnels, ils peuvent aussi être des objets d’investigation scientifique. Depuis 2010, le Pôle culture scientifique de l’université Montpellier 2 développe ainsi une opération pédagogique originale : la vulgarisation des sciences naturalistes et de la démarche scientifique en écologie et en phylogénie à travers la peluchologie, science douce théorisée par Thierry Brassac et Amélie Bugel.

• Un site participatif a également été créé pour faire progresser cette « science » qui n’en est qu’à ses balbutiements. Chacun est invité à y participer.

Trois dates clés :

• 1902. Le premier ours en peluche articulé au monde voit le jour en Allemagne entre les mains de Richard Steiff.

• 1953. L’ours en peluche se voit investi du rôle d’objet transitionnel, concept développé par le pédo-psychiatre britannique Donald Winnicot.

• 2023. Publication de la première étude scientifique identifiant les déterminants pris en compte dans l’attribution du pouvoir réconfortant de l’ours en peluche.

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