Les vidéos porno connaissent un succès grandissant. Mais tout pourrait s’arrêter avec la nouvelle réglementation française… Pourtant, il n’y a pas de mal à se faire du bien. A condition de savoir ce que l’on est en train de regarder

Ah la pornographie, cette zone cachée de l’intimité. L’intimité absolue car le visionnage est très majoritairement solitaire. Alors comme la masturbation, elle est taboue… Pornhub, le premier site de vidéo pornographique au monde enregistre 115 millions de vue chaque jour. Soit 42 milliards en une année ! Avec des durées de visites par pages dont les sites de contenus n’oseraient même pas rêver.
Et pourtant, comme la masturbation, regarder des vidéos pornographiques est fortement décrié.

Là où le danger guette, c’est dans les idées reçues qu’elles véhiculent. D’abord dans le rapport à son partenaire. L’homme est y majoritairement dominant voire violent, et la femme soumise. Drôle de vision de la sexualité et de la société. Ensuite, elle valorise la quête de la performance, et le passage à de nouvelles pratiques souvent imposées à son/sa partenaire sans réelle discussion.

 Les jeunes, passant par le visionnage bien avant les premiers rapports sexuels,  ont une vision évidement faussée du sexe. Et ils se comparent avec les acteurs et actrices vus sur l’écran, pouvant alors générer un manque de confiance en soi et une crainte de l’échec. Car l’industrie du porno, c’est avant tout du spectacle.

Faible éducation sexuelle

Le résultat est catastrophique, des études scientifiques ont montré à quel point cela agissait sur le développement de comportement de violence et créait même des problèmes de santé mentale (voir aussi le livre publié à partir d’une étude sociologique Alice au pays du porno : ados, leurs nouveaux imaginaires sexuels ). Et ce d’autant plus que l’éducation sexuelle des jeunes est faible. Mais à ce titre, c’est aujourd’hui, l’une des rares ressources « d’information » pour les LGBTQI+ dont les pratiques sont encore plus cachées par la société.

Dans son appel au gouvernement pour la protection des enfants et des adolescents contre la pornographie, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français rappelait les conclusions d’une enquête réalisée pour le Fonds Actions Addictions : « La confrontation à de telles images, alors même que la sexualité psychique se développe, peut provoquer des crises d’anxiété, des troubles du sommeil, nourrir un sentiment douloureux de culpabilité et conduire à une représentation faussée ou déviante des rapports sexuels et amoureux.»

Et puis, il y a la face cachée du porno. L’explosion de ce que l’on n’hésite plus à appeler « industrie » a rapidement vu se développer des vidéos avec des personnes forcées à tourner pour survivre et des viols. Il est toujours important quand on consomme un produit de savoir comment il a été fabriqué et de veiller aux valeurs humaines. Le tout pour prendre vraiment du plaisir, et peut-être ne plus s’en cacher.
En soi, regarder du porno n’est pas malsain à condition de savoir ce que l’on regarde.

Alexandre Marsat

Cet article est issu du livre 100 Fake news face à la science publié par Curieux chez First éditions

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