Que devrions-nous offrir à nos enfants à l’occasion des fêtes ? Plutôt un jouet ou une expérience, comme une sortie dans un parc d’attractions ou un billet pour un événement ?

Pour répondre à cette question – que certains se posent encore peut-être en cette fin d’année –, nous avons mené un travail de recherche, dont les conclusions ont été publiées dans l’International Journal of Research in Marketing, qui compare le niveau de bonheur que les enfants tirent des biens matériels avec le niveau de bonheur qu’ils tirent de leurs expériences.

Deuxième « secousse » de bonheur

Il en ressort que tout dépend en réalité de l’âge de l’enfant. En effet, en vieillissant, le fait de donner aux enfants quelque chose qu’ils peuvent vivre au lieu d’un objet tangible les rend plus heureux. Dans le cadre de trois études menées auprès d’enfants et d’adolescents, nous avons ainsi démontré que les enfants de 3 à 12 ans tirent plus de bonheur des biens matériels que des expériences. À l’inverse, les enfants plus âgés (adolescents de 13 à 17 ans) tirent plus de satisfaction de leurs expériences que de leurs biens.

Avant l’âge de 12 ans, les enfants apprécieront davantage un bien matériel en cadeau.

Certes, les enfants apprécient les expériences du moment (sinon Disneyland n’aurait pas autant de succès), mais lorsqu’on leur demande ce qui les rend heureux, ils ont tendance à nommer leurs possessions plus que leurs expériences passées.

Comment l’expliquer ? Bien après que les enfants aient déballé leurs peluches et jouets, il y aurait encore un rappel physique pour leur donner une « secousse » de bonheur lorsqu’ils vivent l’expérience. Cependant, les jeunes enfants ne peuvent pas voir ou toucher les expériences après qu’elles ont pris fin, ce qui rend plus difficile pour eux l’appréciation des expériences longtemps après avoir vécu l’événement.

Une journée d’activités ou un voyage pour un week-end sont des cadeaux qui ont l’avantage de faire vivre aux adolescents une seconde « secousse de bonheur » après Noël.

Comme la mémoire se développe avec le temps, il est probable que les enfants, en particulier les jeunes de moins de 13 ans, ne tirent pas autant de bonheur de leurs expériences passées que de leurs possessions. Mais avec l’âge, la création de nouveaux souvenirs et l’exploration de nouveaux centres d’intérêt peuvent devenir bien plus précieuses que l’acquisition de nouveaux biens.

Compétences sociales

Outre l’amélioration de la mémoire avec l’âge, les enfants affinent également ce que nous appelons leurs compétences « en matière de théorie de l’esprit ». Ces dernières font référence à la capacité à comprendre que les autres peuvent avoir des croyances différentes des siennes, ce qui est étroitement lié à l’empathie et aux compétences sociales. Ainsi, à mesure que ces aptitudes se développent, les expériences partagées peuvent être mieux comprises pour leur valeur dans l’amélioration des relations avec les autres.

Nous identifions également dans nos travaux les moyens à disposition des parents pour aider leurs jeunes enfants à valoriser leurs expériences. Il existe notamment une solution facile et peu coûteuse : prendre des photos ou des vidéos de promenades en famille, jouer dans la neige et les fêtes d’anniversaire. Les enfants apprécieront en effet probablement davantage ces expériences s’il y a quelque chose qui leur rappelle l’événement. De plus, ils pourront apprendre la valeur sociale des expériences partagées.

Pour ce qui des adolescents, les parents ne doivent pas oublier qu’ils peuvent toujours apprécier de recevoir des cadeaux expérientiels, même si leur liste de souhaits se compose essentiellement d’objets matériels. Une journée d’activités partagées, ou un voyage pour un week-end, sont donc des cadeaux qui ont toutes les chances de ravir leurs destinataires. À quelques jours de Noël, avis aux retardataires !


Cette contribution, publiée en anglais sur le site Knowledge@HEC, s’appuie sur l’article de recherche intitulé « Age differences in children’s happiness from material goods and experiences : The role of memory and theory of mind » de Tina M. Lowrey, L.J. Shrum, Lan Chaplin, Ayalla A. Ruvio, et Kathleen D. Vohs.

The Conversation

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