tsunami

Un tsunami consécutif à un séisme sous-marin pourrait-il déferler sur les côtes atlantiques ou méditerranéennes ? « Oui » répondent les spécialistes qui se préparent à ce risque depuis 2012. Non seulement ce scénario n’est pas fictif, mais il s’est même déjà produit

« Le principe général est que là où il y a eu un tsunami dans le passé, il y aura un tsunami dans le futur ». Dans la bouche de Bernardo Aliaga, responsable de l’unité Tsunami pour l’Unesco, ces mots sonnent comme un avertissement. Si 75% des tsunamis se sont produits et se produiront dans le Pacifique ouest, 9 à 10 % concernent la Méditerranée et 5 % le nord-est de l’Atlantique. Deux précédents historiques servent notamment de référence aux spécialistes.

Atlantique : le tsunami de Lisbonne

1er novembre 1755. Le séisme de Lisbonne, cité par Voltaire dans Candide, est probablement le séisme le plus célèbre d’Europe compte-tenu de son intensité et de ses effets dévastateurs. Ce séisme d’une magnitude de 8.6 sur l’échelle de Richter « fut suivi par un puissant tsunami (…), touchant furieusement les côtes du Portugal, de l’Espagne et du Maroc », peut-on lire dans l’inventaire historique des tsunamis en France, établi par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en septembre 2012. En France, les effets de ce tsunami transatlantique furent ressentis à Brest et au Havre, et peut-être à Bordeaux.

Si un tel séisme devait se reproduire, les mêmes causes produisant les mêmes effets, « la côte atlantique française serait concernée par des variations du niveau de la mer
pouvant atteindre 1 mètre », souligne Pascal Roudil, responsable du Centre National d’Alerte aux Tsunamis (CENALT). Ce centre, opérationnel depuis 2012, surveille notamment la zone Atlantique nord-est.
« Un séisme survenant dans cette zone aurait un impact sur tout le nord-ouest de la France, Manche incluse ». Le Sud-Ouest, protégé par la pointe de l’Espagne étant un peu moins exposé.

Méditerranée : le tsunami de Boumerdès

21 mai 2003. un séisme d’une magnitude de 6,8 secoue le nord de l’Algérie faisant plus de 2 200 victimes dans la région de Boumerdès (50 km à l’est d’Alger). Dans le petit port de pêche de Bouharoun, la mer se retire brutalement sur 200 mètres avant de revenir dix minutes plus tard. « Ce séisme a aussi provoqué un changement du niveau de la mer de l’ordre de 2 à 3 mètres au niveau des Baléares, avec pour conséquence près de 200 bateaux endommagés, détruits ou coulés. »

Sur la côte d’Azur, huit ports, dont celui d’Antibes, ont été concernés par une variation du niveau de la mer de 1 mètre à 1,50 mètre. Certes, on est loin des vagues géantes (35 mètres pour la plus haute) qui ont déferlé sur Sumatra en 2004, mais cela suffit pour provoquer des dégâts sur des littoraux densément peuplés et fréquentés.

Avec ses 15 km de littoral, Cannes fait partie des villes côtières exposée au risque de tsunami. PHOTO  Alexandrine Civard-Racinais

Anticiper pour mieux se préparer

Selon l’Unesco, « la probabilité d’une vague de tsunami de plus de 1 mètre en Méditerranée dans les 30 prochaines années est proche de 100 % ». Déjà expérimenté auprès de 40 communautés côtières vulnérables dans 21 pays, le programme Tsunami ready va être notamment étendu à la France. Certaines villes, comme Cannes (06), se préparent déjà sous la houlette de la Sécurité civile. Dès cet été, on pourra voir sur la Croisette des marques au sol indiquant le cheminement jusqu’à un site refuge.

Pascal Roudil se veut néanmoins rassurant. « Un tsunami généré par un séisme ayant lieu en bordure de la plaque tectonique nord-africaine mettra 1h15 à arriver sur la côte cannoise. » Une fois l’alerte déclenchée par le CENALT puis diffusée par la Sécurité civile, la population aura une heure pour évacuer le front de mer. Objectif : s’éloigner du rivage de plus de 200 mètres, vers l’intérieur des terres. « Même en front de mer, gagner 5 mètres de haut suffit pour se mettre à l’abri ».

Alexandrine Civard-Racinais

Naissance d’un Tsunami

Les séismes sous-marin ou côtier sont la principale cause de survenue d’un tsunami. Le déplacement du fond marin déclenche un train de vagues qui se propage à plusieurs centaines de kilomètres par heure en pleine mer. Au-delà de l’épicentre du séisme, en eau profonde, le tsunami atteint quelques dizaines de centimètres de haut, mais cette hauteur augmente en eau peu profonde. A l’approche des côtes, les vagues ralentissent en s’amplifiant. Le niveau de la mer augmente de quelques centimètres à plus de 20 mètres, pouvant submerger l’intérieur des terres.
Tsunami est un terme japonais issu des mots nami (vague.s) et tsu (port) soit « vague portuaire ». Utilisé au Japon dès 1611, il a été officialisé en France en 1963.

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