C’est un moment de grande classe : venir gâcher le sablage du champagne en expliquant pourquoi on rote.

Notre système digestif n’est jamais au repos, même à vide : il suffit d’avoir faim et de penser à son prochain repas pour produire des sucs gastriques qui se préparent à recevoir des aliments. Et déjà, ça couine, ça grince… C’est qu’il y a des réactions chimiques permanentes là-dedans. Après manger, par exemple, la nourriture est transformée en bouillie par l’acidité des sucs et cela produit du gaz. Simple réaction chimique. Mais il arrive souvent que les gaz prennent trop de place à l’intérieur de l’estomac, qui peut se dilater, certes, mais pas à l’infini. Surtout, il va garder l’essentiel et se débarrasser du superflu, donc du gaz qui ne sert à rien. Comme le gaz est plus léger, il est plutôt dans le haut de l’estomac et c’est son passage un peu forcé entre l’estomac et l’œsophage à travers un sphincter qui va provoquer ce doux bruit.

Pour être complet et dans l’élégance distinguée qui caractérise cette rubrique, l’odeur du rot est celle de l’estomac : si vous avez mangé de l’oignon, vous rotez l’oignon… voilà pour la base. Certains aliments font plus éructer que d’autres, dont les boissons gazeuses. Tout simplement parce qu’elles contiennent du gaz. Agitez une bouteille de champagne, c’est la même effervescence dans votre estomac. Le chewing-gum aussi est un producteur de rots parce qu’on avale beaucoup d’air et rien d’autre en le mâchant. Globalement, tout ce qui fermente augmente les probabilités de roter : choux de toutes sortes mais aussi les aliments gras qui obligent l’estomac à produire plus d’acidité pour la digestion et donc plus de réactions chimiques productrices de gaz.

Pour rester léger, sachez aussi que le pet, c’est la même chose mais plus tard : ce sont les bactéries de l’intestin qui produisent du gaz en digérant ce qu’elles absorbent. Et comme le circuit serait trop long vers le haut pour évacuer l’air (et franchement, pour le coup, bonjour l’haleine !), c’est vers le bas que ça se passe. Voilà, voilà. Et, pour finir sur une note aérienne : on ne rote pas dans l’espace puisque, en situation d’apesanteur, gaz et bouillie stomacale ne se séparent pas dans l’estomac.
Allez, champa… burp !

Alexandre Marsat

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