« Tu enfanteras dans la douleur ». Cette malédiction biblique semble bien déterminée à traverser les époques en dépit des avancées médicales. Aujourd’hui encore, l’enfantement reste majoritairement perçu comme un évènement douloureux. Démêlons le vrai du faux

La douleur occasionnée par la mise au monde d’un enfant est souvent décrite comme l’une des pires qu’il ait été donné à l’être humain de rencontrer. Ça donne envie ! Mais d’abord, il est important de définir cette sensation de « douleur ». Si le dictionnaire Larousse évoque une « sensation pénible, désagréable, ressentie dans une partie du corps ». Les récits d’accouchements semblent, dans la (très très grande) majorité des cas, épouser cette définition.  

1- L’évolution n’a rien arrangé

Selon Wenda Trevathan, anthropologue biologiste américaine, plusieurs facteurs ont rendu l’enfantement humain plus douloureux au fil des évolutions. « La bipédie et le volume du cerveau ont imposé des contraintes pour l’accouchement », peut-on lire dans ses travaux. Elle ajoute que la taille du cerveau humain qui est passée de 600 cm³ à 1500cm ³, accentue la douleur lors de l’expulsion du bébé.  

Des douleurs auxquelles viennent s’ajouter les contractions utérines, responsables de la dilatation du col de l’utérus. Pour 4 femmes sur 6 d’après une étude menée par Élise Bouquet, sage-femme, ces douleurs prenaient le pas sur celles des efforts expulsifs. À l’inverse, seulement une sur six a décrit les efforts expulsifs comme plus douloureux que les contractions utérines.  

2- Une expérience pénible et longue

Selon Wenda Trevathan, l’accouchement humain est le plus long du règne animal. En effet, celui-ci peut durer entre 8 et 14 heures pour une femme primipare (premier accouchement). Un facteur qui ajoute à la pénibilité de l’évènement. Selon l’étude menée par Élise Bouquet, la plupart des femmes interrogées redoutent leur capacité à gérer la douleur dans le temps. Ainsi, la quasi-totalité de ces femmes souhaitait avoir recours à la péridurale.  

3- Une douleur intense

D’après une étude finlandaise menée auprès de 1000 femmes, 80% des parturientes décrivaient la douleur de « très sévère » à « intolérable ». Parmi l’ensemble des femmes interrogées, seules, 4% d’entre elles donnaient des scores de douleur faible. S’il est difficile de quantifier et classer les douleurs, l’université canadienne de McGill a établi une échelle de douleur en fonction des réponses données par les patients. Sur celle-ci, un accouchement non préparé frôle les 40 sur une échelle de 50. Ainsi, l’enfantement se rapproche de l’amputation d’un doigt là où les fractures se situeraient plutôt aux alentours de 20.

4- Des avancées médicales pour réduire la douleur

Longtemps délaissé par les recherches médicales, l’accouchement a connu une véritable révolution dans les années 70 avec la démocratisation de la péridurale. Cette forme d’anesthésie occupe une place prépondérante dans les salles d’accouchements françaises. Selon les enquêtes Naître en France de 1981 à 2010, seulement 3,9% des femmes en 1981 avaient recours à la péridurale durant leur accouchement contre 70% en 2010. Depuis 1994, l’accès à la péridurale est pris en charge à 100% par l’assurance maladie. Une révolution dans la gestion de la douleur durant l’accouchement.

Nelio Da Silva 

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat sur le Fact Checking entre Curieux et l’EFJ Bordeaux avec les étudiants de seconde et troisième années de cette école de journalisme.

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