Le cannabis jouit d’une mauvaise réputation sur le plan de la santé, notamment en raison de ses effets néfastes sur le cerveau. La réflexion, mais surtout la mémoire, seraient altérées par cette drogue. A l’heure où plusieurs pays souhaitent la dépénaliser, que disent les scientifiques sur son impact sur la mémoire ?  Démêlons le vrai du faux

  

1- Le THC nuit au fonctionnement des neurones

Les problèmes de mémoire sont un des nombreux effets indésirables observé chez les consommateurs réguliers de cannabis. Le tétrahydrocannabinol (THC), contenu dans la plante, absorbé à chaque fois qu’un fumeur consomme du cannabis, agit de façon nuisible au niveau de l’hippocampe, une région du cerveau indispensable au bon fonctionnement de la mémoire.  

Ceci a été confirmé par une étude scientifique publiée dans Nature en 2016. Les chercheurs ont découvert que le THC avait une incidence négative sur un récepteur qui se trouve dans les mitochondries, les centrales énergétiques des cellules. Le THC vient en effet réduire l’énergie produite à l’intérieur de la cellule. Cette perte d’énergie agit directement sur les neurones en abaissant leur performance.  

2- Une mémoire affectée sur le court terme

Les scientifiques s’accordent à dire que la mémoire est nécessairement impactée lors de la consommation de cannabis. D’après Mitch Earleywine, professeur en psychologie à l’Université de Californie du Sud : tant que le THC est présent dans l’organisme, la mémorisation est largement altérée, tant au niveau du décodage des informations, qu’au niveau du stockage. 

Il faut préciser ici, que cette altération des facultés cognitives intervient différemment selon l’âge des consommateurs et la date de début de consommation. La fréquence et la quantité de cannabis consommées sont aussi d’autres facteurs.  

3- Des effets non persistants sur le long terme

Plusieurs scientifiques se sont intéressés à la durée des effets du cannabis sur la mémoire, notamment après l’arrêt de sa consommation. Ces derniers ont démontré que les impacts sur les fonctionnalités mémorielles disparaissaient avec le temps. 

Des chercheurs du General Hospital de Boston, ont observé que les effets du THC sur la mémoire s’estompaient rapidement. Sur 88 jeunes âgés de 16 à 25 ans, et qui consommaient du cannabis régulièrement, certains ont dû arrêter de fumer pendant un mois et d’autres ont pu continuer. A la suite de tests mentaux réalisés lors de la première semaine, les résultats de cette étude étaient clairs. Les participants qui avaient arrêté de consommer de cannabis ont obtenu de meilleurs résultats que les autres.  

Ces résultats ont été confirmés par une étude dirigée Harrison Pope. Suite à des tests réalisés sur des adultes n’ayant jamais consommé de drogues, et d’autres sur de gros consommateurs, l’étude a démontré qu’après seulement 28 jours d’abstinence, aucune distinction ne pouvait être faite entre les deux échantillons. 

La consommation de cannabis a donc des effets néfastes sur la mémoire qui ne doivent pas être négligés. Cependant, une période d’abstinence permet de retrouver en partie ses fonctions mémorielles. Au centre de nombreux débats politiques, économiques, sociétaux et médicaux, le cannabis n’a pas fini d’être étudié et de diviser.  

Clément Antunes

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat sur le Fact Checking entre Curieux et l’EFJ Bordeaux avec les étudiants de seconde et troisième années de cette école de journalisme.

 

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