Au fil des millénaires, les animaux ont démonté des capacités incroyables d’adaptation morphologique pour continuer à s’accoupler et assurer à tout prix la survie de leur espèce

Fin janvier, Au parc zoologique de Padirac dans le Lot, une femelle varan, sorte de lézard de grande taille, vivant pourtant sans aucun mâle à ses côtés, donnait naissance à trois petits reptiles. Un miracle ! Non point. Même si le fait est rare, il illustre l’extraordinaire capacité des animaux à s’adapter à leurs besoins et leurs environnements (l’absence de mâle en l’occurrence) et ce, depuis des millénaires…

Leur plus frappante capacité d’évolution remonte à plus de 400 millions d’années, bien avant les dinosaures, lorsque la vie animale était aquatique. « La fécondation y est essentiellement externe : les femelles expulsent leurs ovules dans l’eau, les mâles projettent leur sperme. Mais certains animaux marins vont sortir de l’eau et leur corps va devoir s’adapter à̀ ce nouveau milieu. Tout leur corps, organes génitaux inclus « , explique Emmanuelle Pouydebat, directrice de recherche au CNRS et au Museum national d’histoire naturelle. De fait, la fécondation passe de l’externe à l’interne avec l’apparition des cloaques, pénis et vagins…

Des sexes changeant au gré de l’environnement

Dans son ouvrage « Sexus Animalus, Tous les goûts sont dans la nature » (éd. Arthaud), la chercheuse en biologie de l’évolution décrit ainsi la diversité impressionnante des organes génitaux des animaux et de leurs changements anatomiques.

Certains animaux, tels que le crocodile marin ou le requin vont développer par exemple un pénis du type gouttière, soit un pénis interne, qui coulisse et sort uniquement au moment de l’accouplement. Autre exemple d’une adaptation à l’environnement : le lézard d’Australie, agame baru, lui, change de sexe quand la température dépasse 32°C.

De par l’héritage d’un ancêtre marin et pour empêcher l’eau de rentrer dans le corps, la femelle éléphante se dote d’un vagin situé à 1m30 de l’orifice extérieur. De plus, son organe génital, avec un clitoris de 40 cm, n’est pas seulement adapté à son environnement mais aussi à son partenaire dont le pénis en érection mesure tout de même 2 mètres.

Des pénis détachables, des spermatozoïdes géants…

Pour assurer la transmission de leurs gènes, s’imposer face à des concurrents mâles trop nombreux ou même survivre, les animaux ont de fait, selon Emmanuelle Pouydebat, multiplier les solutions et coévolutions, notamment en fonction de l’anatomie de leur partenaire. Par exemple, le mollusque argonaute, de type poulpe, a mûri une sacrée stratégie pour arriver à féconder, sans y laisser sa peau, la femelle qui mesure de 10 à 50 fois sa taille. Il a effet acquis la capacité à détacher son pénis (une sorte de bras copulateur), une fois que celui-ci a pénétré dans la cavité femelle.

Dans le même genre, le pénis du Bernard-l’hermite aurait au fil du temps évolué et se serait agrandi, non pas pour mieux impressionner sa partenaire mais pour pouvoir s’accoupler sans avoir à quitter sa coquille, évitant ainsi le risque de se la faire piquer. Parmi les très rusés, on trouve également les petites mouches drosophiles, qui, pâtissant d’éjaculation de faibles puissances, sont aujourd’hui devenues, pour compenser, les détentrices du plus grand spermatozoïde de la gente animale.

Des co-évolutions pour également se défendre ou repousser le partenaire

Les femelles ne sont pas en reste de débrouillardise. Les canes ont ainsi, pour se prémunir des assauts parfois trop violents des pénis en tire-bouchon de leur partenaire, développé des vagins sinueux, opposés à la torsion du sexe du mâle, afin de calmer leur ardeur.

D’autres, comme les femelles dauphins, disposent des vagins à clapet pour se défendre et bloquer le sperme indésirable. On peut aussi évoquer certaines femelles mouches, tortues, fourmis, guidées par l’instinct de survie, qui stockent le sperme des mâles pendant des années dans des poches différentes et les utilisent quand bon leur semble…

Face à tant d’ingéniosité sexuelle et de flexibilité, entre l’être humain et l’animal, on se demande bien qui est finalement le plus « bête ».

Marianne Peyri

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