Romantic couple of swans on the lake. Swan reflection in water

Passer à table avant de passer à l’acte ? Danser ou encore se pavaner pour attirer l’attention de l’autre ? Autant de classiques revisités par les animaux. Car en matière de préliminaires, l’homme n’a rien inventé

A l’occasion de la Saint-Valentin, vous avez prévu d’inviter l’élu(e) de votre cœur au restaurant, avant de lui démontrer votre vigueur sur une piste de danse, puis de poursuivre ce pas de deux dans l’intimité. Un scénario classique, mais dénué d’originalité. Car même le criquet américain offre à sa belle un cadeau dans l’espoir de conclure…

Séduire par tous les moyens

« Après la rencontre, rien n’est encore possible. Il est indispensable de plaire et chaque espèce passe énormément de temps à séduire », rappelle Thierry Lodé, spécialiste des sexualités animales. Certains mâles comptent sur leurs attributs virils, voire leurs caractères augmentés (hypertélie). C’est le cas du cerf Élaphe qui mise sur ses immenses bois et sa vigueur au combat. D’autres, comme le mâle de l’araignée-paon se lancent dans de spectaculaires danses nuptiales.

Déclarer sa flamme, c’est bien, mais montrer que l’on est capable d’assurer l’ordinaire c’est mieux. Aussi le mâle du busard cendré prend-il soin d’offrir une proie à son élue, tout en se livrant à d’incroyables acrobaties aériennes.

Amener au consentement

Danses, chants, présents divers contribuent à accroître la réceptivité des amants potentiels. « Ces préliminaires ont pour but de préparer le corps et l’esprit au coït » résume Thierry Lodé. « En ce moment le mâle du grèbe huppé passe beaucoup de temps à faire sa cour. Il apporte à sa belle des algues et des éléments végétaux afin de l’inciter à se dire « Ah oui, c’est la période des nids, il faudrait s’y mettre… »

Car il s’agit non seulement d’attirer l’attention du partenaire potentiel et d’attiser son désir, mais encore d’obtenir son consentement, « indispensable étape de synchronisation des comportements ». Et celui-ci est parfois long à venir… Ainsi la femelle de l’albatros hurleur se laisse-t-elle désirer durant trois à cinq ans. Mais patience et longueur de temps permettent de porter la complicité des deux partenaires à son paroxysme, le coït qui suit n’en étant que plus intense.

 

Le mâle du cygne tuberculé, reconnaissable au caroncule rouge qui orne son bec aplati, danse pendant au moins deux saisons avant que Madame daigne s’accoupler avec lui. PHOTO Alexandrine Civard-Racinais

Réconcilier les contraires

Plaire à l’autre n’est pas une mince affaire, car mâles et femelles ont des objectifs divergents « Le mâle a intérêt à multiplier les rencontres pour disperser ses gènes. Il est donc pressé de s’accoupler ». Au point d’escamoter parfois les préliminaires… De son côté, « la femelle a intérêt à sélectionner le meilleur partenaire potentiel. Elle va donc prendre son temps, quitte à faire poireauter le galant, afin de tester son opiniâtreté. »

« Ce qui se joue lors de la Saint-Valentin ou des préliminaires n’est finalement rien d’autre qu’un tir à la corde évolutif entre les objectifs des femelles et ceux des mâles et la recherche du consentement défini comme la convergence de deux désirs contraires », relève Thierry Lodé. Chacun cherchant à tirer la corde à soi.

Voilà qui fournira sans nul doute quelques sujets de discussion inédits. Au fait, vous ai-je dit ce que contenait le paquet offert par le criquet américain ? Rien… Ce coquin se contente d’offrir une bulle de protéine vide. Musset nous avait prévenu, en amour « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ».

Alexandrine Civard-Racinais

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Sexualité : Éloge de la diversité

« Tous les sexes sont dans la nature », assure Thierry Lodé, professeur d’écologie évolutive, rattaché à l’Université de Rennes 1 dans son dernier ouvrage éponyme. Les pratiques sexuelles sont tout aussi variées : sexe oral ou génital, hétérosexualité, bisexualité, homosexualité, onanisme, fellation, sodomie… Un seul invariable : la recherche du plaisir, moteur de l’évolution. Un ouvrage réjouissant, à rebrousse-poils des théories darwiniennes et des idées convenues.

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