Lorsqu’il s’agit de bombarder son voisin, on ne manque jamais d’imagination

La classification des missiles relève d’un tel casse-tête que l’on s’étonne que certains présidents, qui en possèdent beaucoup, y comprennent quelque chose. Parce qu’on les classe en fonction d’une quantité de paramètres qui peuvent parfois se recouper : leur type de vol (balistique ou de croisière), leur portée (tactique ou stratégique), leur cible (antichar, antiaérien, antibalistique…), leur point de départ et d’arrivée (sol-sol, sol-air, air-sol…).

On peut ainsi résumer le premier point : si le missile est balistique, c’est une petite fusée ; s’il est de croisière, c’est un gros obus. Le deuxième progresse uniquement grâce à ses moteurs, en tir tendu, presque en ligne droite, à la manière d’une balle, et à très basse altitude. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir une portée qui peut atteindre 3 000 kilomètres, à une vitesse comprise entre 800 et 1 000 km/h. Mais ce sont ses moteurs qui lui permettent d’atteindre sa cible. Le missile balistique est autrement plus complexe : il utilise la gravité terrestre pour toucher son objectif, et peu de pays ont les capacités techniques leur permettant de maîtriser cette technologie issue du spatial. D’ailleurs, c’est en grande partie pour acquérir cette compétence que fut lancée la conquête spatiale, façade présentable de la course aux armements.

Un missile balistique est lancé par une fusée : en fonction de la distance à parcourir, la propulsion par le moteur dure entre une et trois minutes, le temps d’atteindre une hauteur suffisante pour que les turbulences atmosphériques n’aient plus d’effet sur lui. Il lui faut une vitesse suffisante pour échapper au sol sans
toutefois se soustraire à l’attraction : à 11 km/s, il part dans l’espace ; entre 8 et 11 km/s, il se satellise. La bonne vitesse est comprise entre 4 et 8 km/s. En dessous, il n’ira pas assez loin. Une fois à la bonne hauteur, la fusée s’arrête et se sépare du missile. L’ogive poursuit sa route jusqu’à 2 000 à 3 000 kilomètres
de hauteur, sommet de l’ellipse qu’elle réalise, avant de retomber vers son objectif à 30 000 km/h. On le voit : le but est défini dès le lancement, et c’est une combinaison vitesse-hauteur-attraction terrestre-rotation de la terre qui permet de calculer son parcours, qui s’achève avec une marge d’erreur comprise entre 3 kilomètres et 250 mètres pour les plus précis. Marge d’erreur qui fait que les missiles balistiques sont généralement nucléaires, sans quoi ils n’auraient aucun effet. Donc un missile balistique est le plus souvent stratégique (longue portée) et un missile de croisière essentiellement tactique (courte ou moyenne portée). Mais pas toujours. En sachant ça, c’est tout de suite l’expression « on mourra moins bête » qui vient à l’esprit.

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