C’est la question du type « saoul, persuadé qu’il tient debout ». Si sa bière ne se renverse pas, c’est qu’il ne titube pas.

Évidemment… En réalité, il a beau tituber, la bière, elle, ne bougera pas. Diable, quand la métaphysique vient au secours des buveurs de bière…

On commence à comprendre l’habitude de consommation debout autour du terrain de sport, d’un barbecue ou encore dans les fêtes locales. D’ailleurs, en fendant la foule pour rapporter des boissons à leurs amis, les festayres ont tous fait cette expérience scientifique. Ils n’auront pas de bière sur les avant-bras quand tous les autres liquides auront débordé plusieurs fois.

Et il s’agit bien d’une expérience scientifique ! Expérience à laquelle se sont adonnés quelques éminents chercheurs français du CNRS, des Américains de Princeton et de New York. Travailler en se faisant plaisir, pourquoi se priver ?

 

De la dissipation visqueuse

Pour éviter de se faire passer pour des individus (trop) portés sur la boisson, ils ont comparé les deux liquides les plus apportés par un serveur sur un plateau : la bière, bien entendu, et un café. À la moindre secousse, le petit noir passe par-dessus bord alors que la bière reste insensible. Mais pour quelle raison ? La « dissipation visqueuse » mise en évidence par les physiciens. Les bulles de mousse deviennent collantes quand elles sont confrontées au liquide qu’elles surplombent. Elles se fixent au bord du verre et bloquent le mouvement du liquide. La mousse va alors diminuer les oscillations du plateau.

À l’inverse, le café, ou tout liquide sans mousse, va subir la même oscillation que celle créée par le mouvement du plateau et sortira donc de son récipient. Les puristes s’en réjouiront : pas besoin de faire mousser la bière pour la protéger de tout ballottement. Ce sont les premières couches de bulles qui font tout le travail. Et seulement cinq couches de bulles suffisent pour amortir l’oscillation.

On peut dire que c’est de la recherche appliquée… Tellement appliquée que les chercheurs  français et américains expliquent que leur étude peut trouver des  développements dans le transport routier des liquides comme les carburants, le gaz liquéfié ou d’autres produits dangereux. En créant de la mousse à la surface de ces contenants, les mouvements causés par le transport ou les arrêts brutaux seront amortis. Et la sécurité renforcée. Alors, quand vous optez pour le café,
commandez-le avec mousse ou crème…

 

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.
http://www.sudouest.fr/lemag/

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