Young woman using mobile smart phone covered by facemask on Covid second wave - New normal lifestyle concept with milenial people watching news at cellphone - Focus on hands holding smartphone

Christophe Tisseyre, cofondateur de la Télé Libre et de StopIntox.fr, intervenant pour l’association Fake Off, qui lutte contre les fake news auprès du jeune public, explique pourquoi ces dernières peuvent être dangereuses

« D’abord, il serait erroné d’affirmer que toutes les fake news sont dangereuses. Il en existe un certain nombre qui sont relativement anodines. Mais il est vrai que, globalement, beaucoup d’entre elles posent problème, et dans des domaines multiples. Dans certains cas, elles ont même des conséquences très graves, voire mortelles. En premier lieu lorsqu’elles concernent la santé : on sait, par exemple, qu’une centaine de personnes avait été hospitalisées aux États-Unis après avoir bu de l’eau de Javel. Elles avaient entendu Donald Trump appeler à le faire et l’avaient écouté.

On se souvient aussi d’un naturopathe qui expliquait qu’il ne fallait pas toucher aux médicaments, purs produits d’un complot mené par “Big Pharma”, et qui avait “soigné” deux “patients” avec des feuilles de tilleuls. L’un était mort d’un cancer des testicules, l’autre avait été hospitalisé d’urgence car il était gravement dénutri. Donc, dans la santé, les fake news sont un danger potentiellement mortel.

« il faut s’appuyer sur un consensus scientifique »

Mais la santé n’est pas le seul domaine où les fake news peuvent être mortelles. Souvenons-nous de l’assaut du Capitole de Washington, le 6 janvier dernier. Il a tout de même fait 5 morts et une centaine de blessés ! Or pourquoi cet assaut ? Parce que Donald Trump a répété que l’élection était volée, le pouvoir illégitime et que mener l’assaut était au contraire légitime et tout à fait constitutionnel.

Il n’est pas toujours évident, pour un journaliste, de déterminer si l’interlocuteur qu’il a face à lui, le scientifique par exemple, est compétent ou non. Revenons à la santé : nous avons tous en tête le cas d’un médecin reconnu qui a pourtant multiplié les fake news durant la pandémie et promu un médicament inefficace contre la Covid-19…

Dans ces cas-là, il faut s’appuyer sur un consensus scientifique, ou tout du moins sur ce que disent la plupart des chercheurs. En l’espèce, les tests de ce médecin ont été reproduits un peu partout et l’immense majorité de ses consœurs et confrères ont conclu relativement tôt qu’il racontait n’importe quoi. Donc, en se renseignant, les journalistes ont assez vite compris, pour beaucoup, qu’ils ne pouvaient guère accorder de crédit à ce médecin.

C’est une démarche que chacun de nous peut reproduire : si l’on doute de ce qui nous est dit, on peut chercher par nous-même. Et notamment se trouver vers les médias et en particulier vers les services de fact checking : ils se multiplient aujourd’hui, mis en place par des rédactions aux sensibilités politiques très diverses. On peut leur faire confiance et éviter ainsi de se faire intoxiquer par des fake news, entre autres sur les réseaux sociaux qui ont tendance à leur faire la part belle, privilégiant les publications qui vont susciter dégout, haine ou rejet notamment… »

Retrouvez tous les articles de notre série sur l’esprit critique ici.


Jean Berthelot de La Glétais

 

Avec le soutien du ministère de la Culture

Fermer la popup
?>