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Pour alimenter leurs articles, les journalistes font appel à des sources, qui leur confient des informations. Gaël Cerez, rédacteur en chef de Mediacités Toulouse, explique quelles peuvent être ces sources

« Une source, c’est quelqu’un qui nous apporte une information. Il y a plusieurs sortes de sources, celles ouvertes et celles fermées. La source ouverte, c’est le communiqué de presse, l’institution, le parti politique, la mairie, la préfecture, l’hôpital… On nous apporte une information que l’on va ensuite vérifier. En général, cette étape est assez simple, on appelle pour demander confirmation d’un point ou deux et cela ne pose aucun problème. 

Et puis il y a donc d’autres types de sources, celles fermées, plus confidentielles, qui donnent des informations mais ne veulent pas être citées, transmettent des documents confidentiels. Elles peuvent parfois perdre leur travail voire être mises en danger si l’on apprend qu’elles ont joué ce rôle d’informateurs. 

Convaincre de discuter et assurer une protection

Les sources fermées sont un peu le fonds de commerce d’un média comme le nôtre. Nous avons accès, comme tous les autres, à des sources institutionnelles mais pour nous démarquer nous devons aller au-delà, donc accéder à des sources cachées qui composent environ 90% de nos informations. Si nous menons une enquête sur le cabinet du maire de Toulouse par exemple, nous allons contacter d’anciens collaborateurs, fonctionnaires, élus, les convaincre de discuter, de se confier, et leur assurer une protection ensuite.

En France, un journaliste est tenu de protéger ses sources, et ne peut donc être contraint de les divulguer. Ne pas donner leur nom est donc une obligation déontologique et, plus prosaïquement, c’est aussi le seul moyen de conserver la confiance de nos sources et d’espérer qu’elles se confient éventuellement à nouveau, sur d’autres sujets. 

Quoi qu’il en soit, aller chercher une autre parole que celle officielle est le seul moyen de savoir ce qu’il se passe vraiment. Sinon on vous répondra toujours que tout va bien, en passant par la voie classique. 

« Quel est l’intérêt de la personne qui se confie ? »

Il faut bien avoir conscience d’une chose au sujet des sources : personne ne dit jamais rien de manière totalement désintéressée. La question que l’on doit se poser, et que je pose d’ailleurs régulièrement à mes informateurs, c’est « quel est l’intérêt de la personne qui se confie ? ». La réponse est souvent très instructive. Il peut s’agir d’un intérêt financier, mais aussi d’un règlement de comptes ou tout simplement de l’envie de mettre fin à une situation que l’on trouve insupportable. D’une certaine manière, ceux qui parlent nous utilisent, il faut en avoir conscience. 

En théorie enfin, il faut trois sources pour que l’information soit considérée comme validée. Dans les faits, c’est parfois un peu plus subtil. Il peut ainsi y avoir des documents qui prouvent des choses de manière irréfutable, et dans ce cas cela peut suffire à sortir une information. »

 

Retrouvez tous les articles de notre série sur l’esprit critique : lire ici.

Propos recueillis
par Jean Berthelot de La Glétais

 

Avec le soutien du ministère de la Culture

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