Construction du chai du Clos PerrinLes murs de paille entourent une structure en parpaings, indispensable pour pouvoir nettoyer les cuves à grandes eaux.

Un chai en paille qui régule sa température lui-même : le Clos Perrin fait figure d’exception dans le paysage viticole. A Arsac, dans la prestigieuse appellation Margaux, l’expérience attire l’attention parce qu’elle ouvre le vignoble bordelais à une autre forme de culture, la viticulture durable

Utiliser de la paille pour le chai, c’était une question de cohérence : les six hectares du Clos Perrin (Château La Gravière) sont situés en plein sur une zone qui devait devenir une gravière à granulats et « si je voulais être cohérent, puisque je m’étais battu pour y mettre des vignes, je n’allais pas faire un chai à base de béton. » Christophe Landry a ce sens de la logique qui l’a conduit du passage en bio de son château La Gravière en 2012 à la construction d’un cuvier qui respecte la même logique : « Ce qui m’a séduit, c’est que c’est réutilisable à l’infini. Ce sont des bottes de pailles entassées les unes sur les autres. On peut les démonter pour les reconstruire ailleurs ou en faire du compost. »

Et l’argile qui les recouvre est réutilisable aussi, contrairement au ciment ou à la chaux. Elle assure en outre une régulation hygrométrique en absorbant l’humidité en trop lorsqu’il pleut, humidité qu’elle rendra durant les périodes sèches.

Lisser les écarts de température

Mais au delà de cet aspect « matériaux naturels et réutilisables », le chai du clos Perrin est « le moins dépendant possible des énergies ». Là encore, Christophe Landry est cohérent avec ses principes : « Même si je n’ai pas le label, je travaille en agrodynamie et mes vins suivent les saisons. Il n’était pas question que je construise un frigo. » Il s’est fixé comme objectif un écart de température possible entre 8 et 18°C et « ce qui est important, c’est que les écart soient lissés ». Là dessus, il peut déjà compter sur l’inertie propre aux cuves remplies de vin qui assure lui-même sa propre régulation, par la masse. Mais au -delà, il a fallu ajouter, sous les cuves, des soubassements en parpaing remplis de sable qui ajoute encore de l’inertie.

Chaleur et nuits blanches

La salle des cuves est enserrées dans des murs en paille et argile

Les cuves sont posées sur des blocs contenant du sable pour maintenir leur inertie.

Pour éviter les montées en température, il a également recours à des vendanges très matinales qui permettent de rentrer des grappes encore fraîches : « Les levures indigènes vont aller moins vite, leur consommation de sucre sera plus lente et le vin monte moins en température. » Là encore, il va à l’encontre des habitudes du secteur qui vendange toute la journée et compte sur la thermorégulation artificielle pour atténuer la chaleur des grappes. Malgré tout, « cet été, je me suis quand même fait des nuits blanches parce qu’il a fait très chaud. »

 

Alors comme l’avenir n’annonce pas forcément des étés moins chaud, il reste encore à construire un autre bâtiment sur la façade sud afin de faire de l’ombre au chai à vin. Christophe Landry ne cache pas qu’il a envisagé un temps de mettre une climatisation auxiliaire en cas de récidive. Mais il y a finalement renoncé. Question de cohérence, toujours.

Jean-Luc Eluard

 

Avec le soutien de L’ARS Nouvelle-Aquitaine et de la région Nouvelle-Aquitaine.

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