Le sujet dont se soucie actuellement le monde entier est le nouveau coronavirus.
Dans ce contexte, à titre de chercheur en neurosciences du sexe et de partisan du sexe positif, j’écris cet article avec plusieurs objectifs en tête : informer les lecteurs et lectrices du rapport entre le sexe et la pandémie actuelle, et prévenir la diffusion de mythes et de fausses informations dans un environnement social troublé
Étant donné les modes de transmission courants des virus respiratoires, la pratique de certains types d’activités sexuelles risque de propager le virus. Il n’est cependant pas réaliste de s’attendre à ce que les gens s’abstiennent de relations sexuelles en période d’isolement.
Dans la situation actuelle, comme le sexe ne constitue pas un sujet de discussion prioritaire, les fausses informations circulent assez facilement. Les gens pourraient sans le vouloir aggraver la propagation du virus s’ils ne prennent pas les précautions nécessaires.
Alors, lavez-vous les mains avec du savon et de l’eau pendant au moins vingt secondes, et passons aux choses sérieuses !
Sexe et Covid-19
Le coronavirus peut-il se transmettre sexuellement ? La réponse est simple : on ne le sait pas. Pour le moment, aucune recherche fiable, aucune communication officielle ni aucun rapport scientifique n’ont été présentés par les autorités compétentes.
La transmission du virus par voie sexuelle et le fait de le contracter de son partenaire sexuel sont deux choses différentes. Le premier cas implique une transmission par des contacts sexuels et l’échange de liquides organiques, par exemple par le sexe vaginal, oral et anal. Le second cas concerne la transmission qui peut survenir, entre autres, lorsque les partenaires s’embrassent.
Un porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Christian Lindmeier, a déclaré au New York Times que les coronavirus ne se transmettent généralement pas par voie sexuelle. Aux États-Unis, d’après le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), il existe sept types de coronavirus – et tous exercent ordinairement leurs effets sur les voies respiratoires chez les humains.
D’autres experts en maladies infectieuses appuient ces observations. Or, le coronavirus ne touche pas seulement les voies respiratoires. En effet, on en a retrouvé certaines traces dans les selles de patients infectés. Les CDC américains estiment toutefois que le risque de transmission par cette voie est faible.
Le nouveau coronavirus se transmet par les gouttelettes expulsées par les personnes infectées lorsqu’elles expirent, toussent ou éternuent. L’entourage est infecté en inhalant ces gouttelettes, ou les touchant sur une surface, puis en se touchant le visage. Les chances de contracter le virus par des activités sexuelles avec une personne infectée sont donc très élevées.
Comme le virus est présent dans les sécrétions respiratoires, on suppose sans peine qu’il se transmettra durant n’importe quel type de pratique sexuelle, en raison de la proximité physique. Ce n’est donc pas le moment d’organiser un rassemblement social à caractère osé.
D’ailleurs, la directrice générale de la coalition américaine des travailleurs et travailleuses du divertissement pour adultes, Michelle L. LeBlanc, a demandé un arrêt volontaire de toutes les productions de ce secteur durant la pandémie afin d’aider à prévenir la propagation du virus.
L’isolement exige-t-il l’abstinence ?
En matière de comportement sexuel, la variété est un attribut très prisé. Bien qu’il soit pratiquement impossible de demander aux gens de ne pas avoir de relations sexuelles, il serait peut-être utile de suggérer de petites expériences toutes simples.
Comme on peut avoir le virus sans présenter de symptômes, la seule façon fiable de savoir si vous ou votre partenaire êtes infectés est de faire un test. En revanche, si vous ou votre partenaire ne présentez aucun symptôme et êtes restés chez vous, les relations sexuelles ne devraient poser aucun problème.
Nous pouvons aider à contrôler la pandémie de Covid-19 en prenant quelques précautions. Nous pouvons également apprendre à faire les choses différemment en période de manque. Voici quelques recommandations générales pour réduire les risques de transmission de le Covid-19.
Pour du sexe moins risqué
Avant tout, lavez-vous les mains pendant au moins vingt secondes avec du savon et de l’eau chaude avant de faire quoi que ce soit, mais aussi après toute activité.
Voyez-le comme un nouveau préliminaire en période d’isolement !
Vous pensez peut-être avoir besoin d’un masque, mais ce n’est probablement pas le cas. Le port d’un masque n’est recommandé par l’OMS que dans certains cas. Des données indiquent qu’au Japon, des femmes portent un masque facial pour accroître leur charme en cachant leur visage lorsqu’elles ne sont pas maquillées. Or, une étude à ce sujet a montré que pour certaines personnes, les masques faciaux diminuent l’attrait du visage.
Vous pouvez réduire davantage le risque de contagion en utilisant un condom, une digue ou des gants de latex. Ce n’est peut-être pas votre truc, mais aux grands maux les moyens amusants !
Intimité non conventionnelle
Les actes associés à l’intimité sexuelle peuvent avoir autant de variantes et de solutions de rechange que l’imagination le permet. Au lieu de vous embrasser et d’avoir des relations sexuelles, essayez les massages érotiques, les clavardoirs et la masturbation mutuelle, faites la cuillère, consultez des vidéos ou du matériel érotiques, regardez votre partenaire se donner du plaisir, etc.
L’anulingus (bouche à anus) doit être totalement exclu.
La pratique de toute forme de relation sexuelle implique un risque inutile, notamment parce qu’il n’existe toujours pas de vaccin ou de remède pour prévenir ou traiter la maladie.
C’est bien connu, on aime toujours ce qu’on ne peut pas avoir. Se retenir ou s’abstenir de faire vos activités favorites afin de minimiser les risques ne les rendra que meilleures à la fin, quand l’orage aura passé.
Communication
Il est essentiel de rester à l’écoute de votre partenaire, en particulier si vous ne vous sentez pas bien ou si ne voulez pas vous livrer à une activité sexuelle. Quant aux célibataires, sachez qu’à l’image des entreprises qui souffrent de l’arrêt forcé, votre bassin de fréquentations pourrait aussi en pâtir.
Ce n’est en aucun cas le bon moment pour prévoir une rencontre Tinder ou vous exposer à des risques inutiles avec de nouveaux partenaires. Si vous leur plaisez vraiment, ils attendront. Cependant, si vous avez déjà entamé des relations avec des gens, il serait bon de garder en mémoire les personnes avez qui vous avez été, ainsi qu’où et quand.
Restez au courant
Le nouveau coronavirus n’est pas à prendre à la légère. Il a déjà coûté la vie à des milliers de personnes dans le monde ainsi qu’à plusieurs centaines d’autres au Canada. Nous pouvons toutes et tous contribuer à prévenir la propagation et assurer la sécurité des personnes à risque.
Consultez de l’information fiable. Ne paniquez pas. Restez chez vous pour le moment. La peur, les rumeurs et la désinformation se répandent rapidement. Enfin, il est crucial de faire confiance aux recommandations des scientifiques.
Si les gouvernements, les scientifiques et tous les êtres humains fournissent les efforts appropriés tout en faisant preuve d’assez de patience, nous surmonterons cette pandémie et pourrons reprendre, avec un peu de chance, le cours de nos vies. Peut-être alors pourrons-nous revenir à nos pratiques disons plus « folichonnes ».
Gonzalo R. Quintana Zunino, PhD, Behavioural Neuroscience, Concordia University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Photo de couverture : (Street art in Bryne, Norway, by Pøbel. Photo by Daniel Tafjord on Unsplash), CC BY-NC-ND