Les lois et les mesures concernant l’égalité salariale se succèdent depuis les années 1970. Pour autant, sont-elles efficaces ? Nous sommes en droit d’en douter avec un écart de revenu salarial qui reste à 15 %

« Elève qui semble motivé mais doit rester concentré et tenir ses promesses d’amélioration ». Voici ce qui pourrait figurer au bulletin de note de la France concernant l’égalité femmes-hommes. Si depuis le milieu du XXe siècle, les droits des femmes se sont nettement améliorés, les chantiers restent largement ouvert pour parvenir à parler d’égalité et notamment en termes de salaire.

L’égalité salariale, toujours promise depuis 1972, jamais atteinte

Quand on parle égalité femmes-hommes, la première question qui vient en tête : où en sommes-nous de l’égalité salariale entre les sexes ? Les féministes scandent « à travail égal, salaire égal ». C’est une telle évidence que cela n’est pas seulement un slogan mais c’est un principe inscrit dans la loi ! Et ce depuis 1972. L’article premier de la loi n°72-1143 du 22 décembre 1972 relative à l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes précise bien : « Tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes. »

Fermer le ban ? Le problème est que les chiffres disponibles dévoilent chaque année un écart important de rémunération. La loi de 1972 a été complétée par différentes mesures censées annihiler cet écart. En 2006, il faudra même une loi pour imposer des négociations salariales ayant pour objectif la fin des écarts de salaires.

Attendre 2070 pour l’égalité salariale parfaite ?

Dans ses derniers chiffres-clés sur l’égalité femmes-hommes de mars 2024, l’Insee précise : « à temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur de 14,9 % à celui des hommes. À poste comparable, c’est-à-dire à même profession exercée pour le même employeur, l’écart de salaire en salaire en équivalent temps plein se réduit à 4,0 % ».

Depuis 30 ans, les inégalités de salaire sont passées de 22,1% à 14,9%. A ce rythme, il faudra attendre 2070 pour arriver à l’égalité parfaite…

Un écart encore plus abyssal pour les mères

La notion « à temps de travail identique » est capital car 26,5% des femmes salariées sont à temps partiels. Soit 3 fois plus que les hommes (8,7%). Si l’on prend alors le revenu salarial sans distinction de temps, l’écart de salaire est abyssal : 23,5 % !

Cet écart est encore plus important quand les salariés sont parents. Et devinez qui est désavantagé ? La mère bien entendu et ce de manière flagrante. On passe à un écart de 21,7 % entre la mère et le père dès le premier enfant (contre 14,9 en moyenne nationale) pour arriver à 42,8% au troisième enfant (29,2% avec 2 enfants).

Certains esprits provocateurs pourraient dire que les mères sont avantagées pour la retraite avec l’obtention de 4 trimestres supplémentaires par enfant. Il est bon alors de rappeler ce que l’on expliquait dans cet article sur les retraites : « L’une des inégalités les plus flagrantes réside également dans le grand écart de 39 % entre les pensions de droit direct des femmes et celles des hommes ». Cela est dû notamment au temps partiel subi.

« Elève qui doit rester concentré sur ses objectifs et tenir ses promesses d’amélioration ».

Alexandre Marsat

Avec le soutien du ministère de la culture

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