Deux enfants sont actuellement hospitalisés pour une contamination à la bactérie Escherichia coli, après avoir consommé du fromage morbier. Quels symptômes doivent alerter ? Comment prévenir l’infection ? Explications

En 2022, deux enfants sont morts après avoir consommé des pizzas Buitoni contaminées par la bactérie Escherichia coli. La même année, 252 cas graves de contamination à cette bactérie ont été signalés par Santé publique France. Aujourd’hui, deux fillettes de 18 mois et 7 ans ont frôlé la mort et sont hospitalisées après avoir mangé du morbier, fromage au lait cru, en décembre 2023.

Ces incidents surviennent deux mois après l’avertissement du site gouvernemental Rappel Conso quant à la possible contamination de plusieurs fromages par E. coli.

Les bactéries E. coli résident dans le tube digestif des êtres humains et les ruminants (vaches, veaux, chèvres, etc.). Éliminées par les excréments, elles peuvent contaminer l’environnement et les aliments. Ces bactéries supportent bien le froid (survie dans un réfrigérateur ou congélateur), mais sont détruites par la cuisson à cœur.

La majorité des souches de E. coli sont inoffensives, mais quelques-unes sont pathogènes pour l’humain. C’est le cas des souches E.coli entérohémorragiques (ou EHEC), productrices de shigatoxines, responsables de colites hémorragiques et d’épidémies de syndrome hémolytique et urémique (SHU).

Les symptômes apparaissent entre 3 et 4 jours après l’infection, décrit
l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) : douleurs abdominales, diarrhées pouvant évoluer vers des formes sanglantes (colites hémorragiques), vomissements, fièvre… Si dans la plupart des cas, la guérison est spontanée, l’infection peut parfois aboutir à une forme sévère, le SHU, et être mortelle.

Comment diagnostiquer l’infection et la traiter ?

Pour détecter la bactérie E.coli, le meilleur moyen consiste à analyser les selles du patient en laboratoire afin de rechercher le gène codant la shigatoxine ou bien la toxine elle-même.

La plupart des antibiotiques sont déconseillés pour traiter les infections à ECEH : en détruisant les bactéries, ces derniers entraînent la libération de shigatoxines dans l’organisme, ce qui peut aggraver le SHU. La thérapie consiste à réhydrater les patients atteints de diarrhées et à compenser les déficiences occasionnées par les shigatoxines par transfusion, dialyse et échanges plasmatiques.

L’application de mesures d’hygiène strictes

Pour limiter les risques d’infection, plusieurs gestes s’imposent. Santé publique France les énumère sur son site : il faut toujours se laver les mains avant la préparation des repas, cuire à cœur (70°C) les viandes, en particulier celle hachée de bœuf, et les préparations à base de viande hachée. Les enfants de moins de 5 ans, voire 10 ans selon l’ANSES et les personnes âgées (également sensibles), ne doivent pas consommer de lait cru, fromages et produits laitiers à base de lait cru (préférer les fromages à pâte pressée cuite, fondus à tartiner et ceux au lait pasteurisé). Leur système immunitaire n’est pas totalement mature ou affaibli.

Vigilance aussi avec la charcuterie crue : seul le jambon blanc peut être mangé sans risque car il est cuit, rappelle la pédiatre Sandra Brancato dans un article publié dans Le Point.
Par ailleurs, ne pas manger les préparations à base de farine (pizza, gâteau, tarte, crème, etc.) crues ou peu cuites. Et éplucher les fruits et légumes, salades et herbes aromatiques puis les laver soigneusement avant consommation.

Les aliments crus doivent être conservés séparément de ceux cuits ou prêts à être consommés. Les plats cuisinés et les restes alimentaires doivent être rapidement mis en au réfrigérateur et suffisamment réchauffés avant consommation. Enfin, les ustensiles de cuisine et les plans de travail, soigneusement lavés pour éviter un risque de contamination croisée.

Florence Heimburger

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