Un observateur de Vigie-nature repère un pigeon ramier ou palombe, espèce répandue aussi bien en forêt que dans les milieux urbains ou ruraux. Crédit photo : M.Evanno-MNHN.Un observateur de Vigie-nature repère un pigeon ramier ou palombe, espèce répandue aussi bien en forêt que dans les milieux urbains ou ruraux. Crédit photo : M.Evanno-MNHN.

Contribuer à la recherche tout en découvrant la biodiversité qui nous entoure, voilà ce que propose Vigie-nature. Codirecteur de ce programme de sciences participatives ouvert à tous, Grégoire Loïs présente les objectifs et le bilan

Quel est l’objectif du programme Vigie-nature ?

Grégoire Loïs : Vigie-nature a été initié en 1989 avec le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) et s’est ensuite renforcé avec le suivi d’autres espèces communes : papillons, chauves-souris, escargots, insectes pollinisateurs, libellules, plantes à fleurs et autres taxons. Près de 50 000 observateurs volontaires curieux de la nature, du débutant au plus expérimenté, des agriculteurs, des gestionnaires d’espaces et des scolaires collectent ainsi des données essentielles sur tout le territoire et sur de longues périodes. Cela permet aux chercheurs de produire des résultats factuels sur l’état de santé de la biodiversité.

Deux botanistes bénévoles recensent trèfles, coquelicots et autres plantes communes, en zone urbaine, dans le cadre de Vigie-nature. Photo M. Evanno-MNHN.
Deux botanistes bénévoles recensent pissenlits, trèfles, coquelicots et autres plantes communes, en zone urbaine, dans le cadre de Vigie-nature. Photo M. Evanno-MNHN

Quelles données collectez-vous ?

Grégoire Loïs : Vigie-nature propose aux volontaires de collecter des données suivant des protocoles bien précis, garantissant la comparabilité des données collectées et donc leur utilisation pour faire des analyses scientifiques. Par exemple, pour le STOC, les volontaires retournent chaque printemps sur un lieu précis pour noter toutes les espèces d’oiseaux qu’ils voient et entendent. Pour d’autres taxons, pas de consignes sur les dates ni les lieux mais sur le temps d’observation. Les volontaires transmettent leurs observations sur des sites internet dédiés où se trouvent des ressources pour aider à l’identification des espèces observées.

Avez-vous constaté une érosion de la biodiversité ?

Grégoire Loïs : Oui. Au sein des groupes d’espèces, les situations sont très variables : certaines s’effondrent tandis que d’autres augmentent ou semblent stables. En moyenne néanmoins, les populations stagnent ou déclinent, et ce, à l’échelle de la planète, sur terre comme en mer. En France, entre 1989 et 2001, les oiseaux spécialistes, soit adaptés à un milieu en particulier (agricole, urbain, forêt) ont décliné en moyenne de 24 %, et ceux des milieux agricoles tels que le vanneau huppé, le bruant jaune, la caille des blés ou l’alouette des champs, plus intensément encore avec un déclin moyen de 36 %.

Les causes de ces disparitions sont multiples et désormais connues : intensification des pratiques agricoles, réchauffement climatique, artificialisation du territoire et autres dégradations de leurs conditions de vie.

Propos recueillis
par Florence Heimburger

Le projet Vigie-nature est porté par le Muséum national d’histoire naturelle et l’Office français de la biodiversité

Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

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