Halloween approche, avec son cortège de sorcières grimaçantes et d’araignées embusquées. Une vision insupportable pour les arachnophobes. Cette peur n’est pourtant ni universelle, ni fondée, comme en témoigne l’aranéologue Christine Rollard. Et on peut s’en libérer !

Si la vue d’une araignée courant sur le carrelage ou pendouillant à son fil vous tétanise sur place, rassurez-vous… Vous n’êtes pas seuls. 40% de la population française aurait peur des araignées. Et 10% d’entre eux développent une phobie, entendue comme un trouble invalidant, responsable d’une souffrance chez la personne.

Une peur à géographie variable

Pourtant cette peur est à géographie variable. « Rappelons déjà quon na pas peur des araignées partout dans le monde », souligne Christine Rollard, aranéologue et biologiste au Muséum national d’histoire naturelle. Pour les Chinois, voir une araignée suspendue à son fil est un heureux présage. On dit alors que le bonheur descend du ciel. 

Il en est de même en Afrique de l’Ouest et aux Caraïbes, où les enfants se délectent des histoires d’Anansi, l’homme-araignée « un personnage espiègle qui fait les 400 coups ». À l’inverse, « dans les mythologies occidentales, l’araignée est associée aux sorcières, au mal, à l’obscurité ou encore à la saleté ». 

Une peur culturelle fondée sur la méconnaissance

L’angoisse que les araignées suscitent chez certaines personnes est en partie culturelle. Elle est aujourd’hui entretenue par les films, par les clichés diffusés sur internet et les réseaux sociaux, qui contribuent à véhiculer des images négatives… et fausses.

Or, « les araignées ne sont pas sales, elles ne piquent pas, les cas de morsures sont rares et aucune espèce n’est mortelle pour l’homme » répète inlassablement Christine Rollard qui s’est donnée pour mission de « tendre des fils de connaissance » entre les araignées et les humains, dans l’espoir qu’une coexistence redevienne possible.

Aux peurs irrationnelles opposer la raison

Depuis plusieurs années, cette enseignante-chercheuse surnommée « la femme-araignée » propose des séances de désensibilisation aux arachnophobes en souffrance. A ceux qui sont dégoûtés par leurs « poils », elle parle avec passion de ces animaux soyeux, met l’accent sur la beauté et la diversité des espèces et de leurs modes de vies. 

« Progressivement, je leur apprends à regarder ces animaux autrement. Je les fais entrer dans le monde des araignées en misant sur la connaissance, la curiosité… L’évitement nest pas la bonne solution. Il faut aller vers lobjet phobique et apprendre à le connaître. »

Renouer notre lien à la nature

La tégénaire des maisons focalise les peurs de certains. 
Ses grandes pattes, sa taille, sa couleur sombre, 
ses moeurs nocturnes ont tout pour leur déplaire. 
DESSIN : Candidat/© MNHN - Jeane Montano
Tégénaire des maisons (Eratigena atrica). DESSIN : Candidat / © MNHN – Jeane Montano

La peur des araignées raconte aussi, en creux, notre déconnexion avec la nature. Pour Christine Rollard, il est crucial de renouer ce lien. Cela passe par exemple par l’acceptation de la présence des araignées dans « notre logement ». Du point de vue d’une tégénaire, ce coin sombre sous le placard est « son coin », un micro-habitat naturel. 

Cette colocataire, nous pouvons apprendre à la côtoyer à défaut de l’aimer. « Nous devons accepter d’être au milieu de la nature, et non au-dessus ; accepter de vivre au milieu des autres animaux, retrouver un équilibre ». Et si on commençait par arrêter de se faire peur en mettant en scène des araignées pour Halloween ? Araignée du soir, espoir ?

Alexandrine Civard-Racinais

Photo de Une : MNHN – François-Gilles Grandin

A lire :

Sur la toile…

  • « Araignées de France et d’ailleurs », groupe facebook regroupant des arachnologistes amateurs et passionnés.
  • « Chroniques de Nopeland », blog de Benjamin Carbuccia consacré aux « nopes », ces animaux ignorés, souvent redoutés, et injustement détestés.

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