C’est vrai, ça : c’est bruyant, inélégant, et parfois même éclaboussant. Quelle drôle d’idée que d’éternuer !

Il y a plusieurs raisons possibles à l’éternuement mais, souvent, il s’agit essentiellement d’évacuer des corps étrangers du nez. La plupart du temps, ça se passe calmement : les cellules ciliées et le mucus qu’elles sécrètent capturent l’intrus, l’engluent, et tout ça est acheminé sans bruit vers l’œsophage et l’estomac pour y être détruit par la digestion.

Après ça, allez dire aux enfants de ne pas manger leurs crottes de nez alors que c’est ce que l’on fait à longueur de journée… Mais il y a certaines particules, trop grosses ou composées d’une substance que l’orga- nisme juge trop agressive (le poivre, par exemple), qui ne suivent pas ce chemin : il faut donc les expulser. C’est le rôle de l’éternuement : les terminaisons nerveuses envoient un message au cerveau via le nerf trijumeau, signalant la présence de ce corps étranger. Celui-ci s’appuie alors sur tous les muscles liés à la respiration, il bloque l’épiglotte pour que l’air ne soit pas dévié par la bouche, commande l’inspiration rapide d’une grande quantité d’air (environ 2,5 l) et les muscles intercostaux vont se contracter rapidement et fortement pour expulser cet air le plus violemment possible, jusqu’à une vitesse d’environ 200 km/h. Et le mécanisme recommence tant que l’élément indésirable n’a pas été évacué.

Ça, c’est l’éternuement classique, dont le mécanisme est également mis en branle pendant un rhume : là, c’est le virus qui est l’élément à virer, et le bougre est d’autant plus difficile à déloger qu’il apprécie particulièrement l’ambiance chaude et humide qui règne au fond des narines. Mais il existe d’autres cas de figure, comme la remise à zéro de ce système de décrassage. Lorsqu’il fonctionne un peu moins bien ou au ralenti, l’éternuement a pour effet de lui donner un petit coup de fouet pour rétablir son efficacité. Autre raison d’éternuer, qui concerne entre 20 et 35 % des personnes : c’est un petit défaut génétique sans conséquence (tant qu’il n’est pas excessif) qui fait éternuer lorsqu’on passe de l’ombre à une lumière vive. Joliment baptisé « réflexe photo-sternutatoire », il est dû à la proximité entre le nerf optique et le fameux nerf trijumeau qui déclenche l’éternuement : la réaction du premier à la lumière touche le deuxième qui se dit : « Tiens, faudrait-y pas que j’éternue, là ? » et paf, atchoum !

Mais il ne faut pas se plaindre puisque, chez certains, c’est l’excitation sexuelle qui provoque l’éternuement. À vos souhaits !

Jean-Luc Eluard

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