Avec la pénurie d’eau, la question de passer aux toilettes sèches se pose de plus en plus pour éviter de gâcher de l’eau (potable !) au moindre pipi. Mais comment cela fonctionne et pouvons-nous tous y passer ? Benjamin Clouet, fondateur d’Ecosec qui conçoit des toilettes sèches pour les particuliers et les collectivités nous répond

Comment des toilettes peuvent-elles fonctionner sans eau ?

Benjamin Clouet : Il existe plusieurs techniques développées aujourd’hui. On a tout d’abord la toilette à litière bio-maîtrisée. On fait ses besoins dans un sceau et on ajoute une litière biocarbonée, le plus souvent de la sciure de bois. Cette sciure va neutraliser les odeurs. Et en se mélangeant cela aura le bon ratio azote/carbone pour produire un compost de très bonne qualité après avoir vidé le sceau.

Cette méthode est la plus rudimentaire où pipi, caca et sciure sont mélangés. Mais aujourd’hui, beaucoup de technologies sont apparues allant de 400 à 3000 euros. On parle ici de séparation à la source des urines et des matières fécales comme le corps humain le fait lui-même. Les toilettes sont pensées pour récupérer les deux flux séparément. Cela va grandement faciliter la maintenance derrière.
Pour cela, il y a trois grandes familles de toilettes. La première est une sorte de demi-lune qui permet de récupérer les urines quand on est assis. Une autre technologie a un tapis incliné qui laisse tomber les liquides par gravité et emmène les solides par un tapis convoyeur. Une ventilation peut remplacer les sciures pour l’odeur.

La troisième est une technique où l’urine adhère sur le devant des toilettes et se fait évacuer juste avant de toucher l’eau réservée aux matières fécales.

Quels sont les avantages des toilettes sèches ?

Benjamin Clouet : Le premier avantage est de nous permettre d’économiser un tiers de notre consommation d’eau potable domestique.
L’autre intérêt est de récupérer les effluents. Il faut d’abord avoir en tête que les urines représentent 400 litres par an et par personne alors que les matières fécales font entre 15 et 25 litres par personne une fois desséchées.
L’urine contient beaucoup d’azote et de phosphore. Si on la sépare, on peut donc la réutiliser sur des filières agricoles très facilement car elles sont pompables, stériles et contiennent des engrais.

A l’inverse, les matières fécales contiennent tous les pathogènes et ne sont déplaçables qu’à la main.

Est-il possible d’en installer partout même à l’intérieur de son domicile ?

Benjamin Clouet : Nous avons prouvé avec deux projets que c’est possible. Ecosec a installé des toilettes sèches dans un habitat participatif à Dol-de-Bretagne. C’est le premier immeuble français entièrement en toilettes sèches, avec 26 logements sur 3 niveaux. Et avec le bar-restaurant 211 à Paris où les 450 convives par jour bénéficient de 9 toilettes sèches !

Côté réglementation, c’est assez simple : elle indique qu’il ne faut pas que les effluents polluent la nappe et que cela ne génère pas de nuisance pour le voisinage. Il faut donc traiter les effluents sur place. Cela peut être assez compliqué en milieu urbain mais on arrive à contourner la difficulté.
Maintenant, on doit travailler sur la collecte de ses effluents comme le faisait La Fumainerie à Bordeaux.

Propos recueillis
par Alexandre Marsat

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