Credit : Jon Bodsworth

Le premier baiser a souvent lieu l’été. Et on se souvient tous de l’âge de son premier baiser. Mais de quand date le premier baiser de l’humanité, c’est plus compliqué. Des chercheurs danois en ont trouvé une trace écrite qui fait remonter cette histoire il y a 4 500 ans. Une traque du premier baiser qui suit aussi la piste de quelques maladies que l’on s’échange de cette manière

Attention, c’est chaud : « Il a eu une relation avec la déesse Ninhursag. Il l’a embrassée. Il a répandu la semence pour sept jumeaux dans sa matrice. » D’accord, on a fait mieux depuis en matière de littérature érotique mais c’est la première mention d’un baiser dans l’histoire de l’humanité. Elle a été retrouvée sur une tablette dans l’ancienne cité d’Uruk, actuellement au sud de l’Irak. D’autres sources un peu plus tardives, comprenant notamment un dialogue érotique et un texte de loi, suggèrent que le baiser était chose commune à cet endroit et à cette époque. Et ce, qu’il soit en lien avec le sexe, la famille ou simplement amical.

Le bisou partout, le baiser moins

Parce que mine de rien, le baiser d’ordre romantico-sexuel n’est pas universel. Une étude anthropologique faisait apparaître en 2015 que cette forme de relation proche était l’apanage des sociétés les plus complexes. Et qu’il ne concernait de nos jours qu’environ la moitié des cultures de l’humanité (mais les plus dominantes). Alors que le bisou simple, celui qu’on se fait en famille ou entre amis, est bien répandu dans presque toutes les sociétés humaines.

Reste que de l’avis même de Troels Pank Arbøll, l’auteur de la découverte du baiser d’Uruk, la première preuve écrite d’un baiser langoureux ne préjuge pas qu’il n’y en aie pas eu avant. Plusieurs sculptures préhistoriques laissent entrevoir des rapports sexuels sans qu’il soit possible de définir s’il y a baiser ou pas. Et parmi nos cousins primates, coller ses lèvres à celles du partenaire fait parti des préliminaires chez les bonobos. Et question sexualité, ces derniers ne sont pas vraiment des amateurs… Chez le chimpanzé par contre, c’est le bisou amical qui est plutôt en vogue en matière d’interaction sociale.

Les voyages de l’herpès

Avant donc l’invention de l’écriture, on s’est sans doute embrassé et on en a presque la preuve grâce à la répartition de maladies qui n’ont pu se propager que de cette manière. On a ainsi pu trouver des micro-organismes buccaux chez certains Néandertaliens qui n’existaient pas avant l’arrivée de l’homme moderne. Mais la popularisation du baiser torride est aussi sans doute la cause de l’émergence de HSV1, le fameux herpès, repérable à son charmant « bouton de fièvre ».

Né voici 5 000 ans, il aurait migré de l’Eurasie vers l’Europe et de là à l’ensemble du monde à la faveur de la propagation de cette nouvelle pratique du baiser romantique. Au point qu’aujourd’hui, les deux-tiers de la population mondiale en sont porteurs.

D’ailleurs, l’empereur romain Tibère avait bien compris le rôle du baiser dans la propagation des virus et avait tenté de l’interdire, au moins pour les agents publics. Ça n’avait pas vraiment marché… Ce qu’il ignorait, c’est qu’on s’échange jusqu’à un milliard de bactéries à chaque baiser. Et maintenant, essayez de ne pas y penser la prochaine fois…

Jean-Luc Eluard

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