La victoire sur la Grande boucle ne réside pas seulement dans la force physique ou dans la capacité à grimper aisément les cols les plus ardus. Il s’agit également d’adapter sa nutrition, de bénéficier du matériel le plus performants possible, et surtout d’activer des régions cérébrales qui permettront de faire la différence dans les moments cruciaux, confie Frédéric Grappe, directeur de la performance au sein de l’équipe cycliste Groupama-FDJ  

Le coureur danois Jonas Vingegaard et le slovène Tadej Pogacar auraient-ils pu remporter les deux dernières éditions du Tour de France en s’appuyant seulement sur la force de leurs mollets ? Assurément, non. Car en réalité, les cyclistes de haut niveau s’appuient sur un impressionnant arsenal de techniques et de connaissances scientifiques qui permettent un réel gain de performance.

« Notre équipe compte 6 entraineurs, mais aussi des mécaniciens, un ingénieur, un data scientist, un sport scientist, et un nutritionniste qui œuvrent tous ensemble pour améliorer les performances », détaille Frédéric Grappe, chercheur à l’Université des sports de Besançon et directeur de la performance au sein de l’équipe cycliste Groupama-FDJ.       

Des vélos plus légers    

La réalisation de bonnes performances passe d’abord par l’assiette, souligne le chercheur : « l’une des limites bien connue dans les sports d’endurance est la capacité de digestion et d’absorption au niveau intestinal. Or il faut que les coureurs bénéficient d’une restitution des ressources énergétiques ingérées qui soit optimale, car ils peuvent dépenser jusqu’à 5000 kilocalories au cours d’une étape de montagne ».

Les vélos ont eux aussi bénéficié d’importantes améliorations. Les lourdes bicyclettes conduites par ceux qu’Albert Londres nommait en 1924 les « forçats de la route » ont laissé place à des vélos de plus en plus légers et aérodynamiques. Alors que les premiers vélos du début du XXe siècle pesaient près de 20 kg, ceux que les coureurs enfourchent aujourd’hui ne pèsent plus que 7 kg. « Jusqu’au début des années 2000, le cadre du vélo était en aluminium. Il est désormais fait de carbone, tout comme les roues, ce qui rend l’ensemble bien plus léger. Nous approchons maintenant des limites fixées par le règlement de l’Union cycliste Internationale qui impose de ne pas descendre en-dessous de 6,8 kg », confie Frédéric Grappe.

Le rôle du suivi psychologique

Néanmoins, le point le plus important pour réaliser de bonnes performances reste l’aspect psychologique, souligne le chercheur : « les champions sont des coureurs qui bénéficient de la capacité mentale permettant d’exploiter 100 % de leur potentiel physique dans les moments cruciaux. Au niveau de notre équipe, l’accompagnement se décline en deux dimensions. Il s’agit en premier lieu d’un suivi par un psychothérapeute qui analyse les éventuels blocages généraux liés à la vie privée de l’athlète. Et nous ajoutons à cela du coaching mental, souvent réalisé par d’anciens athlètes qui vont chercher à activer certaines fonctions au niveau du cerveau afin d’optimiser le potentiel physique des coureurs ».

Mais il n’y a pas de recette unique, prévient Frédéric Grappe : « il faut adapter chaque suivi psychologique, nutritionnel ou matériel en fonction de l’athlète ». Reste que l’objectif est le même pour toutes les équipes cyclistes : il s’agit de tout faire pour emmener le leader de sa formation sur la plus haute marche du podium de la Grande boucle. 

Thomas Allard

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