Les préjugés vont de bon train sur l’autisme. Pourtant, les personnes présentant un trouble du spectre autistique (TSA) sont toutes différentes. Alors comment différencie-t-on les formes d’autisme ? Le docteur Anouck Amestoy, pédopsychiatre au Centre ressources autisme à Bordeaux, nous aide à mieux comprendre ce trouble permanent du développement neurologique mal connu

Surdoué, handicapé mental, insociable, agressif, insensible… Vous êtes peut-être déjà tombé vous-même dans les préjugés concernant l’autisme. En France, 3 personnes sur 4 affirment « manquer de connaissances sur l’autisme et souhaiteraient être mieux formées sur les enjeux liés à cette maladie », selon une étude menée par la Fondation Jean Jaurès. Pourtant, les troubles du spectre autistique (TSA) concernent près de 700 000 personnes dans l’hexagone, d’après l’Institut national de la santé et de la recherche médical (INSERM), soit 1% de la population. 

Le TSA est un ensemble de troubles neurobiologiques qui agissent sur le développement des personnes dites “autistes”. Ils connaissent des dysfonctionnements lors d’interactions sociales, des difficultés à communiquer (communication verbale et non verbale), des troubles de leur comportement de manière générale, et des centres d’intérêts et d’activités restreints et répétitifs.

L’autisme, un trouble qui continue d’évoluer

Aujourd’hui, l’autisme est appelé TSA pour mieux prendre en compte toutes les différentes formes de ce trouble. « Historiquement, il y avait plusieurs sous-catégories dans l’autisme. On parlait de syndrome d’Asperger, d’autisme atypique… Tout ça a disparu des classifications internationales » explique le docteur Anouck Amestoy, pédopsychiatre au centre ressources autisme, responsable de la filière “Troubles du développement” du Centre Hospitalier Charles Perrens à Bordeaux, et chercheure au CNRS. « On parle de spectre parce que tous les enfants qui ont de l’autisme ne se ressemblent pas. (…) L’autisme, c’est une façon de se développer, mais ça rassemble des gens qui sont très différents en fonction de ce qu’ils vont avoir comme sur-handicap, en plus de l’autisme. »

Les personnes atteintes de TSA ne sont donc plus divisées en sous-catégories, mais leur profil est spécifié. « On sait qu’il y a beaucoup d’enfants qui vont avoir un trouble du développement de l’intelligence, c’est-à-dire une déficience intellectuelle. Donc ça, ce sont des profils particuliers. On va parler de “TSA avec un trouble du développement de l’intelligence.” » précise le docteur Amestoy. 

Les autistes sont ni insensibles, ni agressifs

Contrairement aux préjugés, les autistes ne sont pas volontairement insensibles ou agressifs. Ils n’ont pas la capacité d’analyser les émotions ou de les exprimer comme les neurotypiques, c’est-à-dire les personnes qui ont un fonctionnement neurologique considéré dans la norme. La façon dont eux-mêmes perçoivent réellement leurs propres émotions reste un mystère pour la science à ce jour.

Les personnes atteintes d’autisme vivent les émotions sur le moment sans prendre en compte les informations contextuelles. Un changement brutal dans leurs habitudes peut conduire à des situations extrêmes. Crises de colère, destruction d’objets, auto-agression… Ces comportements sont, dans la plupart des cas, les conséquences de l’inadéquation de leur trouble dans le milieu dans lequel ils évoluent.

Nolwenn Le Deuc

Avec le soutien du Ministère de la Culture

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