En 2014, un article publié dans le quotidien The Independent avançait l’hypothèse d’une disparition des personnes rousses liée au dérèglement climatique. On débunke cette fake news avec le docteur Nina Roos, dermatologue à Paris

Près de 2 % seulement de la population mondiale a les cheveux roux, une teinte qui a toujours suscité à la fois des préjugés et de l’admiration. Ainsi, en 2014, le quotidien britannique The Independent annonçait l’extinction, dans « plusieurs centaines d’années » des personnes aux cheveux roux et yeux bleus. D’après un scientifique qui y était cité tout en souhaitant garder l’anonymat, « les cheveux roux et yeux bleus ne sont pas adaptés à un climat chaud ». 

Pas plus d’UV avec le dérèglement climatique

Une thèse non étayée par la science. D’une part, le changement climatique en cours n’augmentera pas forcément la quantité de rayonnement ultraviolet, particulièrement nocif aux peaux claires. Certes, en cas de rejets carbonés élevés, la destruction de l’ozone en Arctique augmenterait par rapport aux niveaux actuels tout au long du siècle. De quoi entraîner une plus forte exposition aux UV des populations en Europe, en Amérique du Nord et même en Asie, selon une étude publiée dans Nature Communications en 2021.

Il ne devrait plus y avoir de trou dans la couche d’ozone si l’on continue à faire respecter le protocole de Montréal (en 2060, comme annoncé ?), un traité international signé en 1987, qui interdit les substances la détruisant, comme les chlorofluorocarbures (CFC) ou les halons.

Et quand bien même, « les cancers de la peau induits par les UV (les carcinomes basocellulaires et les plus dangereux mélanomes) se développent le plus souvent après 50 ans », rappelle la dermatologue Nina Roos. Soit après l’âge moyen de procréation et de transmission de son patrimoine génétique.

Des gènes récessifs mais pas en voie de disparition

La médecin précise par ailleurs que « la rousseur est déterminée par des gènes récessifs : ils doivent être transmis par les deux parents pour que l’enfant soit roux. Mais si l’un d’eux transmet des gènes codants pour une chevelure brune, l’enfant, même brun, aura hérité des gènes de son parent roux. Il pourra donc transmettre à son tour les gènes de la rousseur et avoir des enfants roux si son partenaire est lui aussi porteur de ces gènes ».

Le docteur Nina Roos rappelle néanmoins que le dérèglement climatique entraînera des migrations de populations. « Cela favorisera le brassage génétique et contribuera donc à la diversité génétique, une bonne chose ! », souligne-t-elle. Ce métissage pourrait toutefois raréfier les gènes récessifs de la rousseur mais ceux-ci ne disparaîtront pas pour autant, à moins que toutes les personnes qui en sont porteuses périssent ou n’aient pas de descendants. Une hypothèse peu plausible.  

Il n’en demeure pas moins que les rayons UV sont nocifs, et cela pour tout le monde. Alors, qu’importe la couleur de votre chevelure, n’oubliez pas de vous protéger la peau des méfaits du soleil.

Roux ou pas : se protéger du soleil !

D’autant que « si les températures augmentent, on risque de se découvrir davantage la peau, alerte la dermatologue. On s’expose alors davantage aux UV, cancérogènes. Pour limiter les risques de cancers cutanés, les individus, en particulier les personnes de « phototype 1 » (aux cheveux roux, à la peau et yeux clairs…), incapables de bronzer, doivent éviter de s’exposer aux heures les plus chaudes, entre 11h et 16h, de mi-avril à mi-septembre, même en ville et même pas temps nuageux », recommande la spécialiste.

Et d’ajouter : « ces personnes doivent aussi porter des vêtements couvrants, un chapeau à large bord, des lunettes de soleil et appliquer de la crème solaire SPF 50. Les coups de soleil pris dans l’enfance, avant 15 ans, sont les plus nocifs. Une vigilance particulière avec les enfants s’impose, qu’ils soient roux ou pas. »

Florence Heimburger

Avec le soutien du Ministère de la Culture

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