Marais et vasières sont nos alliés face aux risques de submersion et d’érosion. L’île Nouvelle et l’ancien polder de Mortagne-sur-Gironde, en témoignent. Ces deux sites pilotes, suivis dans le cadre du projet Adapto, ont été reconnectés au milieu estuarien. Avec succès

Situés sur la rive droite de l’estuaire de la Gironde, l’île Nouvelle (33) et les anciens polders de Mortagne-sur-Gironde (17) font partie des dix sites pilotes choisis dans le cadre du projet Adapto. Ce projet, initié par le Conservatoire du littoral en 2017, a pour objectif d’explorer des solutions basées sur la nature pour faire face à l’érosion et à la submersion marine dans le contexte d’accentuation du changement climatique.

Des territoires façonnés par l’homme

Née de la réunion de deux îles estuariennes, l’île Nouvelle est endiguée dès le XIXe siècle et vouée à l’agriculture. Vignes, peupliers et maïs y sont cultivés avec plus ou moins de succès jusqu’en 1991. À Mortagne-sur-Gironde, des polders sont créés entre 1960 et 1970 dans le but d’installer une production agricole intensive sur des prés salés estuariens. 

Mais ces activités périclitent, et les tempêtes mettent à mal digues et polders. En 1999, Martin crée des brèches dans le système d’endiguement d’un polder situé à l’aval du port de Mortagne. La tempête fragilise aussi la digue située à la pointe nord-est de l’île Nouvelle. Onze ans plus tard, Xynthia y ouvrira une large brèche… jamais refermée.

Lutter contre l’érosion grâce aux vasières

Propriétaire de ces deux sites, le Conservatoire du littoral a en effet décidé de ne pas obstruer les brèches afin de laisser faire les marées, tout en suivant l’évolution des milieux. « Depuis que cette brèche s’est formée dans la partie nord, l’eau rentre et sort au gré des marées », témoigne Sylvain Cardonnel, garde gestionnaire au sein du Conseil départemental de Gironde, gestionnaire de l’île Nouvelle. « Lorsque l’eau se retire, elle dépose des sédiments qui contribuent peu à peu à une élévation du sol ». 

Et les résultats sont rapides ! « Au cours des deux premières années, un dépôt sédimentaire de 8 à 12 centimètres a été enregistré autour de la coursive », souligne Katia Perrin-Cluzant, chargée de mission au Conservatoire du littoral. À Mortagne, le niveau topographique initial a même été regagné en l’espace de dix ans. 

Au fil du temps, la végétation finit par reprendre ses droits et coloniser les vasières (ici sur l’île Nouvelle). En piégeant les sédiments, elle participe également à l’exhaussement du niveau du sol. PHOTO Alexandrine Civard-Racinais

Freiner les vagues grâce aux roselières

Et ce n’est pas tout. Sur l’île Nouvelle, comme à Mortagne, les anciennes friches agricoles sont peu à peu remplacées par des roselières, habitats emblématiques des marais estuariens. Or, ces roselières ne se contentent pas d’abriter une riche biodiversité, elles jouent aussi un rôle tampon en absorbant une partie de l’énergie de la houle incidente, ce qui diminue son impact sur le trait de côte.

Une solution gratuite, parfois plus efficace que de couteux enrochements, digues et autres ouvrages de génie civil. Les résultats des suivis effectués sur les sites de l’estuaire de la Gironde seront présentés à l’occasion d’un colloque national prévu fin novembre à Saint Malo. « Ils démontrent que les solutions basées sur la nature apportent des bénéfices notables sur tous les plans, se félicite Katia Perrin-Cluzant. Face aux aléas climatiques mieux vaut s’adapter en optant pour des solutions souples que résister coûte que coûte. »

Alexandrine Civard-Racinais

Photo d’ouverture : Elodie Bouchon, département de la Gironde.

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