On connaît tous une personne dont l’espérance de vie et la santé de fer nous font rêver. Leur secret : « un verre de vin tous les jours » ! Vraiment ?
C’est l’adage par excellence. Chacun y va de son exemple : « Ma grandmère/mon grand-oncle a vécu jusqu’à 100 ans en buvant son verre de vin tous les jours. » Certains, maniant l’ironie, pourraient dire que votre grand-mère buvait aussi de l’eau tous les jours, lisait le journal et regardait son feuilleton américain à 14 heures… Mais examinons de près cet adage, pour ne pas en faire une légende sans l’avoir étudiée.
Un French paradox trop… paradoxal
Toutes les générations ont bien en tête les campagnes de prévention sur la consommation d’alcool. Mais le French paradox a convaincu non seulement les gastronomes français, mais aussi les plus sceptiques. Malgré une hygiène de vie proche de celle des Anglais (avec une consommation de graisses animales assez similaire), les Français auraient bien moins de problèmes coronariens que leurs voisins insulaires… grâce au vin. Séduisant, en effet.
Le French paradox a été théorisé en 1992 par Serge Renaud et Michel de Lorgeril. Leurs recherches, publiées dans la célèbre revue scientifique The Lancet, expliquaient que la consommation de vin permettrait de réduire de 40 % les maladies cardiovasculaires.
À l’époque déjà, d’autres préféraient mettre en avant une alimentation moins riche en acides gras trans pour donner une explication à cette différence. Si, aujourd’hui, ce French paradox est encore souvent utilisé pour argumenter sur les bienfaits du vin, nombre de scientifiques ont failli s’étrangler en voyant la consommation d’alcool ainsi banalisée.
Cancers et maladies cardiovasculaires
Même si nous ne buvons pas un litron par jour comme au siècle dernier, la consommation régulière d’alcool a des effets délétères sur la santé à long terme : risque de maladie cardiovasculaire, hypertension, hémorragie cérébrale, etc. Les médecins ont recensé sept cancers qui ont un « lien avéré avec une consommation d’alcool dès un verre par jour », comme l’explique l’agence Santé publique France : cancer de la bouche et de la gorge (larynx, pharynx), de l’œsophage, du foie, du côlon et du rectum, ainsi que du sein. Le tableau est sombre, et le French paradox a vécu.
En revanche, le raisin (et donc le vin) a la vertu de posséder des polyphénols, et notamment du resvératrol, riche en antioxydants. La clé reste la modération : « L’alcool, c’est maximum deux verres par jour et pas tous les jours. » Bref, profitez d’un bon vin, sans en abuser !
Alexandre Marsat
Cet article est issu du livre 100 Fake news face à la science publié par Curieux chez First éditions