Crédit photo : Chloé Boyard / INRAE

Les résultats de deux études scientifiques récentes montrent qu’il n’y a plus vraiment de « saison des tiques », ni de zones exemptes de ces acariens. Et incitent à la vigilance, en attendant la mise à disposition de cartes dynamiques d’activité des tiques dans le futur

Où et quand le risque d’exposition aux piqures de la tique Ixodes ricinus, vecteur de la bactérie responsable de la maladie de Lyme, est-il le plus grand ? Deux recherches récentes, menées par des scientifiques de l’INRAE et de VetAgro Sup impliqués dans l’UMR-EPIA, apportent des éléments de réponse permettant de mieux prévenir ce risque. 

Parmi les espèces de tiques susceptibles de piquer l’homme, Ixodes ricinus est l’espèce la plus fréquemment rencontrée en France, jusqu’à 1800 mètres. PHOTO Magalie René-Martellet.

Les tiques sont partout

Cette tique dure est présente sur quasiment tout le territoire, à l’exception du pourtour méditerranéen trop sec et chaud. Et certaines zones sont plus propices que d’autres. « C’est le cas du Centre, du Nord-Est et du Sud-Ouest », souligne Isabelle Lebert, chercheuse INRAE Clermont-Ferrand, co-productrice d’une carte de scores des habitats favorables à la tique Ixodes ricinus publiée dans Geospatial Health.

L’activité et le cycle de vie des tiques dépendent en effet de nombreux facteurs environnementaux et météorologiques. « Elles sont très sensibles à la dessication » et ont besoin d’humidité qu’elles vont chercher dans la litière du sol lorsque la pluie se fait attendre. « Aussi les forêts de feuillus ou les forêts mixtes (feuillus + conifères) sont-elles plus propices que les forêts de résineux, aux sols plus acides et secs ».

Au stade adulte, les tiques femelles ont aussi besoin de la présence d’ongulés comme les chevreuils pour prendre un gros repas de sang avant de pondre leurs nombreux œufs. Ainsi, les forêts du Grand Est, mais aussi celles du Massif central ou de Dordogne, en rouge sur la carte ci-dessous sont des zones plus favorables au risque de rencontrer une tique. Mais cela ne dispense pas d’ouvrir l’œil ailleurs, y compris dans son jardin.

Le climat, l’altitude, l’occupation du sol ou la présence d’hôtes ongulés sauvages conditionnent la présence et l’activité des tiques. La carte de scores des habitats favorables à Ixodes ricinus élaborée par les chercheurs combine ces quatre facteurs environnementaux. PHOTO Isabelle Lebert.

Les tiques sont là tout le temps

Les tiques apprécient aussi les températures douces et l’humidité. Au point de se reproduire tout au long de l’année. Les observations de terrain menées sur sept observatoires nationaux infirment l’idée d’une pause hivernale dans les régions à hivers doux. « A Carquefou près de Nantes, ou à Gardouch près de Toulouse, on récolte plus de tiques au mois de février qu’au mois de septembre », relève Karine Chalvet-Monfray, professeure à VetAgro Sup et co-autrice d’un modèle prédictif présenté dans la revue Scientific reports.

Dans ces régions, les tiques débutent en général leur pic d’activité dès le mois de mars, alors qu’il intervient en avril-mai en Rhône-Alpes et dans l’Est, voire au début de l’été dans les zones de montagne. « Ce pic dépend de la météo et peut-être différent d’une année à l’autre ».

En regroupant les informations issues de 631 campagnes de collectes, menées depuis 2014, les chercheurs ont développé un modèle statistique permettant d’estimer l’activité des tiques en fonction du lieu, de la saison et des variations météorologiques. PHOTO Karine Chalvet.

Bientôt des cartes « météo » des tiques

Les chercheurs de l’UMR-EPIA ambitionnent maintenant de combiner la carte des habitats favorables et le modèle statistique pour  produire des « cartes météo » actualisées en temps réel. « A terme, elles ont vocation à être accessibles sur le site et l’application développée par le programme de sciences participatives CiTIQUE», indique Karine Chalvet-Monfray. Afin que chaque promeneur soit « correctement informé et suffisamment vigilant ». En tous lieux et tout temps.

Alexandrine Civard-Racinais

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