L’été n’est pas arrivé qu’une alerte sécheresse est déjà lancée. Pareille situation nous incite à la modération, car la préservation de la ressource en eau est l’affaire de tous. Explications en texte et en cartographies

Le printemps n’est pas encore terminé que les autorités alertent déjà sur un risque de sécheresse hydrologique (voir encadré) d’ici à la fin de l’été 2022. Parmi les 22 départements pour lesquels le risque de sécheresse est jugé « très probable » par le Comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) quatre sont situés au nord de la Nouvelle-Aquitaine. Et pour cause…

Une pluviométrie déficitaire

A titre d’exemple, « la Charente-Maritime (17) accuse d’ores et déjà un déficit pluviométrique important avec – 35% de précipitations entre fin septembre 2021 et avril 2022, c’est à dire la période ou les nappes souterraines se remplissent », souligne Christine Berge, climatologue à Météo-France.

Membre du CASH, Météo-France a apporté son expertise en matière de pluviométrie et d’humidité des sols superficiels à l’élaboration d’une cartographie publiée le 19 mai dernier. Cette cartographie prend aussi en compte l’état des réserves des nappes et le niveau des cours d’eau.

Projection d’ici à la fin de l’été des territoires avec risques de sécheresse hydrologique.  Source : ministère de l’Écologie.

Des nappes en souffrance

Or, non seulement les nappes souterraines ne se sont pas correctement remplies cet hiver et au début du printemps en raison d’un manque de précipitations, mais la période de vidange a débuté dès janvier-février avec deux à trois mois d’avance.

« La situation est particulièrement préoccupante, avec des niveaux bas à très bas localement, sur les nappes entre Vendée, Maine et Touraine », alerte de son côté le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Les nappes situées dans le Nord des Charentes (16) et de la Charente-Maritime (17), le Sud des Deux-Sèvres (79) et l’ensemble de la Vienne (86) font partie des « nappes à enjeux » identifiées par le BRGM au 1er mai 2022.

Restrictions et appel à la vigilance

La tendance climatique à trois mois, élaborée par les prévisionnistes de Météo-France, n’incite pas à l’optimisme. Si ces prévisions se confirment, les mois de mai, juin, juillet devraient en effet être plus chauds et plus secs que la normale, du moins dans la partie sud de la France. Avec pour corollaire une aggravation de la sécheresse des sols (déjà observée dans la Vienne) et des besoins en eau, notamment pour les filières agricoles.

A l’instar d’autres départements, la Charente-Maritime (17) et la Vienne (86) ont donc d’ores et déjà pris des mesures de restriction. L’objectif étant de privilégier les usages essentiels de l’eau : permettre aux agriculteurs d’arroser les cultures ou d’abreuver leurs animaux au coeur de l’été étant considéré comme plus important que de remplir sa piscine ou laver son 4×4. Quelle que soit l’évolution à venir, « le fait d’être en alerte sécheresse a aussi un rôle pédagogique : attirer l’attention des citoyens sur cette ressource, rare et précieuse », souligne Christine Berne de Météo-France. Un bien commun qu’il nous faut plus que jamais préserver, apprendre à économiser et partager. 

Alexandrine Civard-Racinais

Qu’entend-on par sécheresse?

On distingue trois grands types de sécheresses :

• La sécheresse météorologique résulte d’un déficit prolongé de précipitations ;

• La sécheresse agricole causée par un déficit d’eau des sols superficiels (entre 1 et 2 m de profondeur), suffisant pour altérer le bon développement de la végétation

• La sécheresse hydrologique lorsque les lacs, rivières, cours d’eau ou nappes souterraines présentent des niveaux anormalement bas.

• Vous pouvez suivre la ressource eau en Nouvelle-Aquitaine grâce aux travaux de l’Agence régionale de la biodiversité ici

Pour savoir si votre département est concerné par des restrictions  : Propluvia

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