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Sous l’effet du dérèglement climatique, le cycle de l’eau connaît des perturbations importantes. Quelles en sont les conséquences  ? Nous avons posé la question à Sandrine Anquetin, chercheuse du CNRS à l’Institut des géosciences de l’environnement à Grenoble

« Rare et indispensable au Vivant, l’eau douce ne représente que 3% de l’ensemble de l’eau présente sur Terre. Elle se répartit entre la cryosphère, l’eau solide contenue dans les régions gelées (1), les eaux souterraines et de surface. Tous ces milieux et toutes les étapes du cycle de l’eau sont perturbés par le dérèglement climatique. Avec des conséquences en cascade.

Moins d’eau solide dans la cryosphère = moins de réserves

Plus l’atmosphère se réchauffe, plus elle stocke et transporte de l’humidité, ce qui induit des modifications des régimes pluviométriques et hydrologiques (débits des cours d’eau).

Dans beaucoup d’endroits du monde, les glaciers de montagne régressent faute de précipitations neigeuses suffisantes pour regagner de la masse en hiver. Ils s’amincissent et fondent prématurément, ce qui les empêche de jouer leur rôle de château d’eau. Auparavant, l’eau stockée par le glacier en hiver était redistribuée en été, lors des périodes de moindres précipitations. Aujourd’hui elle fait défaut. Le recul des glaciers a donc une incidence sur la disponibilité de l’eau en aval, avec des répercussions sur de nombreux secteurs.

Moins d’étendues d’eaux de surface = plus de pollution

L’élévation de la température à la surface du globe est également responsable de l’évaporation des eaux de surface (2). La diminution de ces étendues d’eau a notamment pour effet de renforcer la concentration des polluants anthropiques. Par exemple, les polluants atmosphériques s’accumulent sur les surfaces continentales au fil du temps. Lorsque la pluie survient après une longue période sans précipitations, la majeure partie de ces polluants est lessivée et emportée dans les cours d’eau, telle une vague de pollution.

L’assèchement des eaux de surface réduit alors l’effet de dilution de la pollution qui impacte la biodiversité. Ces eaux, indispensables au maintien de la vie aquatique, servent aussi à refroidir les réacteurs des centrales nucléaires, à fournir de l’énergie grâce aux installations hydro-électriques ou encore à arroser les cultures en périodes de sécheresse.

Moins d’eau dans les terres = risque d’érosion accru

L’évaporation de l’eau contenue dans les terres contribue à l’assèchement de ces dernières, alors plus vulnérables face au risque d’érosion lors d’épisodes de fortes pluies. Les sédiments sont alors arrachés, transportés et rejetés à la mer conduisant à la perte du patrimoine essentiel que constitue le sol.

Sachant qu’un sol nu est plus fragile qu’un sol végétalisé, il importe de faire les bons choix pour s’adapter aux perturbations hydro-météorologiques actuelles et à venir.

Pour un meilleur partage de la ressource

Repenser la manière dont nous partageons cette ressource, qui constitue un bien commun de l’humanité, est essentiel. Stocker de l’eau de pluie peut-être une solution, à condition que cela profite à tous et pas seulement à la station de ski du coin qui souhaite faire fonctionner les canons à neige. Élaborer des solutions d’adaptation invite à des actions concertées impliquant tous les acteurs du territoire de façon à faire évoluer les usages dans ce contexte de dérèglement climatique. Nos usages doivent impérativement s’adapter. Sans eau douce, c’est toute la vie sur Terre qui est menacée. »

Propos recueillis par
Alexandrine Civard-Racinais

Notes :

(1) glaciers, neige, calottes glaciaires, banquise, sols gelés.

(2) fleuves, lacs, rivières, cours d’eaux, estuaires, mares.

A lire

• Quel sera l’impact du changement climatique sur les cycles hydrologiques? Cette question est au coeur du chapitre 4 (en anglais) du second volet du Rapport d’évaluation (AR6) des experts du GIEC, rendu public le 28 février 2022 : Climate Change 2022 : Impacts, Adaptation and Vulnerability.

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