Portrait of smiling businesswoman speaking to microphone during press conference or training seminar, copy space

Être un intermédiaire entre des personnes qui ont des choses à dire et d’autres qui ont à les entendre, c’est la définition même d’un média. Mais comment juger de la légitimité d’une personne à qui l’on ouvre ses colonnes ou son micro ?

C’est une question à laquelle bien des journalistes sont régulièrement confrontés : ai-je raison de donner la parole à tel ou tel interlocuteur ? En d’autres termes, cette personne est-elle légitime pour faire passer un message ? Plusieurs cas de figure peuvent se présenter. Il y a d’abord le témoignage isolé d’une personne qui dénonce une situation particulière : si le journaliste estime que ce cas est digne d’un intérêt public, ou illustre un fait de société plus large, il peut lui donner la parole dès lors que son récit est étayé, crédible, recoupé, et s’il propose aux mis en cause de répondre. 

Il y a ensuite le cas d’une personne qui en représente d’autres : syndicaliste, dirigeant d’association, responsable politique, etc. Dès lors qu’elle est présentée comme parlant au nom des gens qui lui ont confié un mandat et que ses propos respectent la loi, ceux-ci sont légitimes. Mais il y a aussi le cas, un peu plus épineux, des personnes considérées comme expertes dans leur domaine. 

Des experts non infaillibles

La pandémie l’a exposé avec force, notamment dans le domaine de la médecine : des spécialistes, présentés comme des sommités, se sont largement fourvoyés dans leur appréhension de la crise sanitaire.

Pire, des enquêtes poussées ont montré que certains d’entre eux avaient falsifié des études, multiplié sciemment les intox et même détourné de l’argent public. Y compris ceux qui avaient un accès permanent à de nombreux médias, télévisuels notamment… Difficile d’imaginer que certains de ces médias n’aient pas passé outre une forme de rigueur pour privilégier le « buzz ».

D’autres se sont laissés convaincre par les références des scientifiques qu’ils invitaient. De manière bien compréhensible, au fond : car ce sont justement bel et bien ces références qui permettent de déterminer, en théorie, si une personne est expert ou non. Des publications nombreuses et saluées dans un domaine ? Des cours donnés dans des lieux d’enseignement reconnus ? Des articles parus dans des revues incontestables ? Voilà autant d’indices sur la pertinence et la légitimité des interlocuteurs à qui l’on donne la parole. Sans qu’ils soient infaillibles, donc, ils permettent le plus souvent de ne pas se tromper.

Ce sont ensuite des vérifications que les journalistes mènent, leur « fact-checking » des propos qui leur auront été tenus, qui va leur permettre de confirmer la légitimité de leurs interlocuteurs. Et ainsi de leur laisser ensuite la parole à nouveau, ou de ne plus les solliciter. 

Retrouvez tous les articles de notre série sur l’esprit critique ici.


Jean Berthelot de La Glétais

 

Avec le soutien du ministère de la Culture

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