Voilà encore ce pauvre lapin complètement ébloui par les phares de la voiture qui manque de se faire écraser alors qu’il se baladait tranquillement entre ses deux champs. Encore une victime de la pollution lumineuse ? Le parallèle semble simple. Mais dans le cas de la pollution lumineuse c’est bien cela qu’il se passe
Les villes se construisent là où les animaux avaient leurs habitudes entre deux zones. Et les centres urbains petits ou imposants viennent rompre cette tranquillité et le trajet des petites bêbêtes qu’elles soient invertébrées, vertébrées, à poil ou à plume.
Dans le cas de ces dernières, le halo lumineux qui entoure nos villages, villes ou centres commerciaux vient troubler la migration des milliers d’oiseaux qui traversent notre ciel.
Ils se repèrent au clair de lune et s’orientent avec les étoiles qu’ils discernent alors mal à cause de nos lumières. Leur trajectoire est alors modifiée et dans le pire des cas, certains vont tourner autour des sources de lumière et mourir d’épuisement.
Au-delà de la lumière des villes, les phares le long de la côte, les routes éclairées, les plateformes pétrolières… constituent un vrai parcours du combattant pour les oiseaux qui parcourent des milliers de kilomètres.
Et cela ne relève pas de l’anecdote. Les ornithologistes connaissent bien l’exemple de la mise en lumière du nouveau pont entre la Suède et le Danemark qui a fait mourir des milliers d’oiseaux sur ce passage de migration.
Seconde cause de mortalité
Si nous nous fuyons la nuit, c’est le moment où une majorité d’animaux sortent. L’évolution les a dotée de nombreuses adaptations pour vivre dans leur milieu en pleine nuit : ouie développée, vision nocturne mais aussi thermique, écholocalisation,… Autant d’astuces fortement perturbées par nos lumières.
Des espèces disparaissent alors des villes, créant des conséquences en chaîne sur la biodiversité.
Car la lumière peut être directement fatale : des espèces sont devenues nocturnes pour échapper à leurs prédateurs. La nuit ne les protège plus.
Il y a aussi des conséquences directes sur la reproduction. Le mâle ver luisant, par exemple, ne peut pas trouver la femelle dont la bioluminescence l’attire pour l’accouplement.
Pour des espèces comme les papillons, c’est tout le cycle biologique (reproduction, alimentation) qui se trouve perturbé. Les exemples s’accumulent car la pollution lumineuse est la seconde cause de mortalité des insectes après les pesticides.
Les pigeons en revanche, bien adaptés à la ville, profitent de la lumière pour mieux augmenter leur phase d’alimentation et de reproduction… Coupons la lumière.
Alexandre Marsat