Spider

Elles promènent leurs corps poilus dans les lieux sombres et sales, où elles installent leurs toiles… Ces trois idées fausses sur les araignées ont la vie dure. Tentons de les détricoter à l’aide du dernier ouvrage de Christine Rollard, aranéologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris

1- Les araignées hantent les lieux sales ?

FAUX ! A l’idée de descendre à la cave ou de vider un placard, certains arachnophobes défaillent d’avance. Pourtant, si certaines espèces d’araignées affectionnent les petits coins sombres, d’autres préfèrent le grand air et fréquentent aussi bien les prairies herbeuses que les bords de rivière ou les frondaisons luxuriantes. « Les araignées se rencontrent partout (… ) sur l’ensemble des terres habitées, dans tous les milieux terrestres, de la surface de la Terre à ses profondeurs, et même dans les eaux douces, voire dans l’air lui-même, sauf en Arctique jusqu’à présent », précise Christine Rollard, aranéologue dans son ouvrage 50 idées fausses sur les araignées (voir encadré en bas de l’article). Pas sûr que cela rassure les arachnophobes…

La Pisaure admirable fait partie des espèces qui apprécient les milieux ouverts ou semi-ouverts. En été, il est fréquent de l’observer prenant un bain de soleil sur des feuilles, les pattes antérieures tendues en avant. PHOTO MNHN/INPN – C.QUINTIN

2- Les araignées tissent une toile ?

VRAI… & FAUX. Seules certaines espèces tissent une toile, structure essentiellement destinée à la capture de proies vivantes. C’est le cas de l’épeire diadème l’une des araignées les plus communes au jardin ou des trois espèces de tégénaires familières de nos habitations. « En France, sur la petite cinquantaine de familles répertoriées, une vingtaine seulement construisent des toiles ». Certaines comme les araignées-loups chassent à vue, d’autres se planquent dans un terrier, attendent sur une fleur, dans un buisson ou même dans la gueule d’une plante carnivore.

Cette tégénaire fait partie des espèces qui tissent une toile en forme d’entonnoir. Celle-ci a installé son piège dans un pot de yaourt en verre vide laissé sous un meuble de cuisine. PHOTO Alexandrine Civard-Racinais

3- Les araignées sont poilues ?

FAUX ! Les araignées se caractérisent comme « des animaux soyeux et non poilus », rectifie tout d’abord Christine Rollard. Car leurs corps sont recouverts de soies courtes et non innervées qui jouent un rôle protecteur. D’autres soies, plus épaisses, innervées et recouvrant leurs pattes, font partie de leurs outils sensoriels. Elles leur permettent notamment de détecter la marche d’une proie potentielle sur le sol. D’autres encore participent à leur perception de l’environnement. Pour les garder propres, les araignées se toilettent… aussi soigneusement qu’un chat. D’ici à ce qu’elles fassent autant de buzz sur la toile Internet…il n’y a peut-être qu’un pas.

Alexandrine Civard-Racinais

50 idées fausses sur les araignées

Arachnophobes, ne pas s’abstenir ! Dans ce guide richement illustré, Christine Rollard s’emploie à réhabiliter les araignées. Son talent de vulgarisatrice est tel que la peur pourrait bien laisser place à une véritable fascination pour ces bestioles injustement décriées, dotées de comportements complexes.

Éditions Quæ, 2020.

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