La fabrication d’un ballon de foot est plus compliquée qu’on peut l’imaginer. Loin des pelouses, c’est une histoire de géométrie car le ballon de foot est un icosaèdre tronqué de 12 pentagones et 20 hexagones ! Mais à chaque Mondial et Euro de foot, l’équipementier officiel planche sur une nouvelle technologie.
Pendant un mois jour pour jour, du 11 juin au 11 juillet 2021, les 624 joueurs sélectionnés pour l’Euro de foot vont martyriser ce pauvre ballon. Mais savent-ils que la fabrication du ballon est avant tout une histoire de maths. Loin des 4-4-2… La formule est un peu plus poussée. Car le ballon pour être rond tout en refermant une vessie est un icosaèdre tronqué.
Cette forme se compose de 32 faces (ici en cuir) : 12 pentagones et 20 hexagones. Les arêtes doivent avoir toutes la même longueur. En observant un ballon les 2 formes se distinguent par les couleurs des pièces de cuir : les faces blanches sont les hexagones (à 6 côtés) et les noires les pentagones (à 5 côtés).
Toutes sont cousues entre elles pour renfermer la vessie et rendre le ballon sphérique. Travail fastidieux qui nécessite jusqu’à 2000 points de couture dans une matière dure et épaisse.
Si l’icosaèdre tronqué a été choisi c’est grâce à Eigil Nielsen. En 1947, le gardien de l’équipe du Danemark a souhaité mettre une valve au ballon pour abandonner le principe du lacet refermant le cuir. Et rendre ainsi le ballon plus rond.
Et côté chiffre, on ne rigole pas avec ses mensurations. La taille a été définie en 1837 : sa circonférence doit être comprise entre 68 et 70 centimètres pour un diamètre de 22 cm. Côté poids : 410 grammes et pas 40 de plus !
Du cuir au polyuréthane
Pour autant, le ballon évolue au fil des décennies. Finie la couleur cuir dans les années 50, les autorités footballistiques autorisent le blanc pour qu’il soit plus visible à la télé. Puis, il devient bicolore avec l’arrivée de la télé couleur pour la coupe du monde de 1970 au Mexique. Mondial où le grand équipementier allemand Adidas est choisi par la Fifa pour « créer » ses ballons jusqu’à aujourd’hui.
Marketing oblige, chaque mondial a, dès lors, son ballon. Véritables collections portant des noms, il faut innover… En 2006, le ballon « Fifa approved » est réalisé avec 14 panneaux. C’est la fin de l’icosaèdre tronqué, du moins pour les épreuves Fifa.
En 2014, le Brazuca, qui roula à la finale du Mondial sur la pelouse de Maracanã, fut réalisé en seulement 6 panneaux de polyuréthane pour représenter les bracelets brésiliens.
On a fait appel à la technologie pour justifier ce changement : ses panneaux de polyuréthane et ses nouvelles coutures permettraient au ballon d’avoir une plus grande efficacité de transmission de la force de frappe, grâce à une plus grande vitesse de rotation. Et une meilleure prise en main du gardien.
Pour le mondial de 2018, Adidas resta à 6 panneaux avec le Telstar 18, tout de même inspiré du ballon de 1970.
Et pour l’Euro 2021, toujours pas d’icosaèdre tronqué. Adidas a planché sur l’Uniforia (pour « unité » et « euphorie »), un ballon sans couture, toujours à 6 panneaux. Adidas précise : « Son design célèbre la diversité et l’unité sur le terrain, avec des éléments des 12 pays hôtes ».
Que les fans de maths et de géométrie se rassurent : si l’icosaèdre tronqué ne jouera pas l’Euro de foot, il garde toujours sa place mondiale parmi les 60 millions de ballons produits chaque année.
Alexandre Marsat