ILLUSTRATION DR Flying Whales

En 2024, des dirigeables géants décolleront de Nouvelle-Aquitaine. Ils seront fabriqués par l’entreprise française Flying Whales à Laruscade dans le nord de la Gironde. Ils permettront notamment l’évacuation du bois abattu dans des zones difficiles d’accès. Et ce de manière plus écologique

150 mètres de long pour une hauteur de 50 mètres. La première « baleine volante » qui s’élèvera dans le ciel de la Gironde ne passera pas inaperçu. Pourtant le gigantisme des mensurations affichées par ce ballon dirigeable devrait être inversement proportionnel à son impact écologique. Car le LCA60T*, nom du programme développé par la société Flying Whales, permettra d’enlever et de transporter des grumes issues de parcelles situées dans des zones difficiles ou sensibles.

« En France, une partie des ressources forestières est aujourd’hui inaccessible, car située en montagne, avec des pentes de plus de 40 %, parfois sans accès routiers », souligne Didier Pischedda, expert national en exploitation forestière et logistique au sein de l’Office national des forêts (l’ONF), partenaire du projet depuis 2012.

En plaine, la pluviométrie importante enregistrée ces derniers hivers en raison du réchauffement climatique gorge aussi certaines parcelles d’eau, les rendant impraticables. L’intervention classique d’un tracteur-débardeur risquant en effet de ravager les sols. Or, « le sol, c’est le capital du forestier. Quelques passages de machine suffisent pour le tasser et il faut ensuite des dizaines d’années pour une restauration naturelle ».

Certes, le débardage par câble-mat représente déjà une alternative écologique à l’utilisation de moyens terrestres mécaniques. « Cette solution respecte la biodiversité, génère moins d’impact sur le sol, des bruits de chantiers minimes pour la faune et moins de transports de véhicules motorisés en forêt », souligne Didier Pischedda.

Mais cette technique n’est utilisée que dans moins de 1% des opérations de débardage, faute d’un nombre suffisant d’opérateurs.

Une nouvelle alternative plus écologique

C’est dans ce contexte que l’utilisation future d’un dirigeable se pose. Conçu pour le transport de charges lourdes, le LCA60T pourra supporter 60 tonnes de charge. Grâce à un système de cables, la cargaison pourrait être récupérée puis chargée en soute, sans que le dirigeable ait besoin de se poser, limitant encore les impacts au sol. Il permettrait ensuite d’amener directement le bois dans le parc à grumes d’une scierie ou une plateforme logistique, évitant ainsi toute la partie transport par routes et la pollution associée.

Gonflé à l’hélium, « l’aéronef plus léger que l’air, donc avec une empreinte carbone des plus réduites, est ainsi une technologie écologiste au service de l’écologie », s’était réjoui Jean-Louis Pagès lors du vote du Contrat de partenariat relatif à l’implantation de l’entreprise Flying Whales en Nouvelle-Aquitaine**. Tout en incitant à la vigilance pour limiter l’artificialisation du territoire : « Pour ranger un tel mastodonte, il faut beaucoup de place ». La construction de l’usine, implantée sur un site de 50 hectares à Laruscade, devrait débuter d’ici la fin de l’année. Il faudra attendre les premiers essais, prévus en 2024, pour savoir ce que cette baleine volante a dans le ventre. Et comment l’utiliser au mieux pour le débardage des grumes, ainsi que pour bien d’autres applications.

Alexandrine Civard-Racinais

* LCA60T pour Large Capacity Airship 60 Tons

** Séance plénière du Conseil régional Nouvelle Aquitaine du 21 octobre 2019.

Fermer la popup
?>