voixvoix

On connaît tous ce collègue de travail que l’on entend arriver depuis la rue, dont la voix terrorise tout l’étage et que l’on rêve de consigner aux toilettes (sans parler des tentatives de dé- fenestration plus ou moins abouties…). Et qui prétend contre toute évidence qu’il ne parle pas fort… peut-être à raison

Pour Catherine Semidor, responsable du laboratoire d’acoustique de l’école d’architecture de Bordeaux, il peut exister plusieurs raisons qui peuvent expliquer cette omniprésence phonique, à commencer par un problème de fréquence sonore : on a tendance à mieux entendre les fréquences situées dans les médiums et les aigus plutôt que les basses. Il suffit donc que ce collègue (en l’occurrence, ce serait plutôt une collègue) ait une voix qui occupe au maximum les fréquences les plus audibles par l’oreille pour qu’on l’entende mieux, à volume sonore égal.

Aussi une affaire de morphologie

Mais il existe aussi d’autres raisons possibles, dont une question de cavités. Tous les professionnels de la voix (chanteurs, comédiens…) apprennent à utiliser au mieux les cavités naturelles de la tête (cavités buccales et nasales essentiellement) pour servir de caisse de résonance aux vibrations émises par les cordes vocales. Les chanteurs lyriques parviennent même à se servir de l’ensemble du crâne pour décupler le volume de la moindre note. Certains ont besoin de cours pour y parvenir alors que d’autres le font naturellement, soit parce qu’ils l’ont appris par expérience, soit parce que les cavités de leur visage s’y prêtent facilement et, sans forcer sur les cordes vocales, ils font sonner leur voix au-dessus de celle des autres.

Cela vaut aussi pour les techniques d’articulation, qui permettent aussi de mieux détacher sa voix de celle des autres. Bref, sans avoir l’impression de forcer, certains ont une voix qui envahit l’espace. Et ils peuvent ainsi déclencher ce que Catherine Semidor appelle « l’effet cocktail » : dans un espace bruyant, les gens ont la capacité d’isoler auditivement ce qui les intéresse, même si le son n’est pas fort. Mais, inconsciemment, ils vont cependant vouloir couvrir le bruit ambiant et se mettre à parler de plus en plus fort.

On peut régler ça dans un open space en essayant de créer des espaces assourdis autour de chacun : on pose des écrans ou des éléments suspendus qui absorbent les bruits, créant ainsi des bulles sonores où les gens s’entendent mieux eux-mêmes et sont donc enclins à parler moins fort. Sinon, la défenestration est aussi une solution…

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