Pendant quatre ans, Bordeaux métropole, en partenariat avec huit autres organismes publics et privés, a recherché des dizaines de micropolluants dans les eaux usées, les eaux pluviales et les rejets industriels et hospitaliers du territoire métropolitain, grâce au projet Regard. Les différents acteurs impliqués ont aussi évalué des solutions pour réduire ces polluants micros mais costauds. Bilan

 

Pesticides, médicaments, résidus de produits d’entretien… Les micropolluants* sont partout et finissent par contaminer les milieux environnants et eaux de surfaces. Or, même à très faibles doses, ils peuvent avoir des effets néfastes sur l’environnement et les organismes vivants, dont l’homme.

Initié en 2015, le projet Regard (Réduction et gestion des micropolluants sur la métropole bordelaise), porté par Bordeaux métropole et différents partenaires**, vise à mieux connaître cette pollution. Il a aussi permis de tester et d’évaluer (en termes d’efficacité, de coût et d’acceptabilité) des actions pour la réduire afin d’atteindre les objectifs de la DCE (Directive cadre sur l’eau).

Activités industrielles, pratiques domestiques, établissements de soins, ruisselement des eaux de pluie...Les sources de micropolluants en milieu urbain sont multiples. Porté par Bordeaux Métropole, le projet Regard qui s'est déroulé entre 2015 et 2019 visait à mieux connaître ces micropolluants et à tester des solutions pour les limiter.

Des mesures des micropolluants dans différents prélèvements d’eau de la métropole urbaine sont effectués dans le cadre du projet Regard

Des toxiques d’origine naturelle mais surtout humaine

« 315 échantillons d’eau et de boues ont été prélevés sur 70 sites entre 2015 et 2019 et 265 micro-polluants ont été pointés, dont une vingtaine de molécules « à enjeux » », précise Nicolas Pouly, chargé de suivi du projet Regard à la Direction de l’eau de Bordeaux Métropole. La plupart est d’origine anthropique (médicaments, pesticides, hydrocarbures, alkylphénols des détergents…), mais d’autres toxiques sont naturellement présents dans l’environnement tels que les métaux cuivre, cobalt, chrome et zinc, etc.

Pour les réduire, plusieurs actions ont été expérimentées. Ainsi, un prototype innovant a été installé au niveau du collecteur des eaux pluviales de la rocade Nord : une unité de filtration dynamique sur bande. « Les résultats ont été probants pour l’abattement des métaux (phase particulaire) mais moins pour les pesticides », indique Nicolas Pouly.

Les familles mises « eau » défi

D’autres essais ont été menées pour écologiser les pratiques dans les hôpitaux et les services publics : diffusion sur Youtube d’une vidéo de sensibilisation à la problématique des médicaments, application du Zéro phyto pour l’entretien de certains espaces publics (cimetières, terrains de sport…), dératisation mécanique des réseaux d’assainissement avec des pièges plutôt qu’avec des raticides… Le succès de cette mesure amène la Métropole à acquérir davantage de pièges et à les déployer à grande échelle.

En parallèle, une action a été conduite auprès d’une quarantaine de familles volontaires souhaitant changer leurs pratiques du quotidien (« Familles eau défi ») : utiliser des produits ménagers ou d’hygiène corporelle naturels, écolabellisés, apprendre à fabriquer un herbicide maison non polluant… Les familles ont obtenu des résultats et maintenu leurs bons gestes ensuite. « La priorité, c’est la réduction des micropolluants à la source ! », souligne Nicolas Pouly.

 

Une exposition sur les micropolluants dans l’eau à la Maison écocitoyenne de Bordeaux!

Une exposition itinérante se déplacera sur toute la métropole jusqu’à 2021. Elle est présentée à la Maison écocitoyenne de Bordeaux jusqu’au 2 novembre 2020.

Florence Heimburger

*La réglementation actuelle recense 110 000 molécules considérées comme des micropolluants, c’est-à-dire susceptibles d’avoir une action toxique sur les organismes vivants, même à des concentrations très faibles (inférieures au microgramme par litre).

**L’Agence française pour la biodiversité, les agences de l’eau et le ministère en charge de l’écologie, le ministère de la Santé, Bordeaux métropole, Suez/Le Lyre, CNRS, IRSTEA, Ineris, Suez, l’Université de Bordeaux, l’Université de Bordeaux Montaigne et Cap Sciences.

 

Avec le soutien de L’ARS Nouvelle-Aquitaine et de la région Nouvelle-Aquitaine.

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