La question, un peu rebattue, peut être rapidement tranchée par une réponse négative. Pourtant, on apprend ce principe fondamental et socle de notre société dès l’école et on tente de le croire. Mais on sait bien que l’on joue aux naïfs.
L’article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dit précisément : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » La Déclaration des droits de l’homme est à vrai dire en ce sens plus une déclaration d’intention qu’un principe factuel, mais comment le prouver ? L’article a raison de parler de la naissance, car c’est justement au plus jeune âge que les inégalités les plus fortes et les plus dévastatrices émergent entre pauvres et riches.
Le cerveau affecté par la pauvreté
Des études scientifiques montrent l’inégalité intrinsèque présente dès notre naissance. Loin de se satisfaire d’énoncer que le milieu social est un marqueur indélébile, ces études expliquent que la pauvreté a de graves conséquences sur le cerveau des enfants, en pleine phase de développement.
Évidemment, les premiers touchés sont les pays du Sud, mais le sont aussi les pays industrialisés, comme la France, où 20 % des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Ils sont alors les premiers touchés par de graves maladies. Le taux de mortalité infantile dans les familles pauvres est deux fois plus élevé que le taux relevé dans les familles riches.
Confronté à d’importantes difficultés matérielles, le cerveau n’en sort pas indemne. Ainsi, les études sur les capacités cognitives permettent-elles d’observer des différences entre les enfants, selon leurs classes sociales, qui affectent le langage ou encore le comportement.
Une situation à croiser avec les facteurs génétiques et la période de grossesse pour avoir une vision précise des effets de la pauvreté. Mais le seul fait de limiter le développement du cerveau rendra difficile la possibilité de changer de classe sociale. La reproduction sociale prend une ampleur considérable.
À cela s’ajoute la propension à l’obésité des enfants des classes sociales défavorisées, dont on connaît les effets délétères sur la santé. Bénédicte Apouey, économiste à l’École d’économie de Paris, qui a étudié les disparités entre enfants de classes sociales différentes, a relevé que plus le revenu des parents est élevé, plus le risque de surpoids diminue chez les enfants.
Image par Sally Wynn de Pixabay