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Les deux fondateurs de la start-up bordelaise Treefrog Therapeutics lancent une usine pilote unique au monde de production de cellules souches à grande échelle. Ils ouvrent ainsi la voie aux thérapies cellulaires, médecine de demain. Reportage.

Locaux flambant neufs, fresques murales réalisées par des artistes bordelais de renom, ambiance musicale, effluves de café…TreeFrog Therapeutics est une entreprise où il semble faire bon travailler. L’ambition et les enjeux de taille de la start-up : produire à échelle industrielle des cellules souches pluripotentes (CSP), capables de générer des cellules spécialisées (exemples : neurones, cellules cardiaques…) après différenciation cellulaire.

Ces greffons seraient ensuite implantés en vue de soigner les organes ou tissus malades : Parkinson, DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge, maladie de la rétine), diabète de type 1, affections cardiaques…

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Maxime Feyeux (à gauche) et Kevin Alessandri ont débuté la production de cellules souches thérapeutiques dans leur usine « vitrine industrielle » ouverte en avril à Pessac PHOTOS Florence Heimburger

1000 capsules à la seconde

Grâce à une levée de fonds de 7,1 millions d’euros en 2019 (réalisée auprès d’investisseurs privés avec le soutien de la région Nouvelle-Aquitaine et de la BPIfrance), Maxime Feyeux, président de la jeune pousse, et Kevin Alessandri, son directeur général, ont fait construire leur « vitrine industrielle ». Installée dans la zone industrielle de Pessac Bersol, elle dispose d’une superficie de 1200 m2 pouvant accueillir jusqu’à 50 salariés. Le Graal : une plate-forme technologique permettant la culture cellulaire tridimensionnelle que les deux normaliens docteurs en physique et biologie ont mise au point avec leurs collègues.

Baptisé « C-Stem », leur technologie repose notamment sur « un encapsuleur » pouvant fabriquer 1000 capsules à la seconde couplé à un bioréacteur afin de produire des cellules souches en masse. « Ces capsules -des billes d’alginate, une matière issue d’algues brunes- contiennent les fameuses cellules souches et créent un environnement biomimétique « contrôlé » permettant leur développement et leur différenciation », explique Kevin Alessandri.

Bientôt un essai clinique pour Parkinson?

« Actuellement, l’industrie pharmaceutique n’a pas d’outils pour produire de gros volumes de CSP, souligne Maxime Feyeux. D’où les prix prohibitifs des thérapies cellulaires (plus de 350 000 euros la dose !). Notre objectif est de donner accès à tous à ces nouvelles thérapies. Un procédé aussi complexe que de fabriquer un Airbus ! »

TreeFrog Therapeutics est d’ores et déjà impliquée dans le développement d’une thérapie cellulaire pour la maladie de Parkinson avec l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN), à Bordeaux, dirigé par le neuroscientifique Erwan Bezard. Et souhaiterait lancer un essai clinique d’ici 2023. Plus de 200.000 Français seraient touchés par cette maladie selon l’Association France Parkinson.

Récemment sélectionnée dans le programme French Tech 120, TreeFrog Therapeutics fait partie des plus belles pépites françaises du secteur de la biotech. La start-up, qui compte aujourd’hui 26 salariés, projette de se développer à l’international, au Japon et aux États-Unis notamment.

Découvrez la visite virtuelle du lieu via une vidéo 360° :

TreeFrog Therapeutics : d’où vient le nom de la start-up ?

Maxime Feyeux nous le décrypte : « Avec tree (arbre en anglais), nous souhaitions symboliser le côté arborescent des cellules souches. Frog (grenouille en anglais) est à la fois un clin d’œil aux Anglais qui nous surnomment ainsi ; ce nom évoque aussi les amphibiens, qui sont des modèles biologiques de régénération. Et therapeutics car nos produits guérissent des maladies jusqu’ici incurables ».

 

Florence Heimburger

 

 

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